Le Mali vient de célébrer avec faste ce 22 septembre le 64ème anniversaire de son indépendance, à travers un défilé militaire haut en couleur, quoique dans un contexte qui a vrai dire, est assez tendu pour ne pas dire plus.
Le pays vient en effet d’enregistrer à la suite de lourds dégâts causés par les inondations, une attaque meurtrière contre l’école de gendarmerie et l’aéroport de Bamako, qui n’est pas sans rappeler les attentats meurtriers de l’hôtel Radisson Blu en plein Bamako, le 20 novembre 2015, et qui avait fait 22 morts.
En décidant d’organiser cette cérémonie au 34ème Bataillon du génie militaire, contrairement à l’année dernière, où la sobriété était de mise, dans un contexte d’alors, marqué par des attaques violentes au Nord du pays, le colonel Assimi Goïta, ne cherchait-il pas à délivrer aux populations maliennes, et par ricochet aux Djihadistes, un message de sérénité et de maitrise de la situation.
En tout cas la démonstration de force dont la cérémonie a été le théâtre, montre, si besoin est, la volonté manifeste des autorités militaires de réarmer moralement les troupes de l’armée, mais également les populations inquiètes au sujet des dernières attaques, à qui le Président de la transition sollicite ardemment le soutien.
Le Mali en a bien besoin, car dans la situation actuelle, le rapport de force semble extrêmement difficile pour les Forces Armées maliennes (FAMA), qui semblent présenter des signes de vulnérabilité sur plusieurs fronts, y compris dans la capitale Bamako, malgré les résultats significatifs obtenus lors de l’opération stratégique dénommée « reprise de terrain » qui a permis de reprendre certaines localités comme Tessalit, Kidal, Berr et Aguélog...
Ce n’est donc pas un hasard, si le colonel Assimi Goïta lui-même, opte aujourd’hui pour le passage à l’échelle de l’AES, ( d’où son appel aux pays de l’AES et à leurs ressortissants) pour contrecarrer voire éradiquer définitivement la rébellion, qu’elle soit le fait des djihadistes ou des touaregs. L’ampleur du champ de bataille, et la diversité des adversaires, ajouté au caractère asymétrique de ce conflit, ont fini de convaincre que c’est à plusieurs que le combat pourrait être gagné et peut être pas à court terme.
En effet, si la machine tarde à se mettre en œuvre du fait des difficultés que connaissent les alliés de la confédération AES, à mettre en œuvre, sur le terrain les troupes et les moyens communs, d’un autre côté, notamment chez les acteurs de la société civile malienne, on semble ne plus croire véritablement à l’unique solution militaire.
Des voix se sont élevées récemment, dont celle de Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), une figure emblématique du Mali, appelant à un dialogue avec toutes les parties prenantes y compris celles qui ont pris les armes.
Pour l’instant cet appel ne semble pas être bien entendu, à moins que comme dans le cas d’espèce, les protagonistes optent pour la diplomatie souterraine pour en définir les modalités, et les parties prenantes, avant de donner leur réponse.
La note positive de la sortie du colonel Assimi Goïta lors de cette célébration de la fête de l’indépendance, c’est que le chef de l’Etat malien s’est dit « ouvert aux partenaires dans un esprit gagnant-gagnant et dans le respect mutuel ». Autrement dit les portes de la coopération avec le Mali sont ouvertes pour les partenaires, et par conséquent celles des pays de l’AES ; qu’en est-il pour les adversaires ?