Dakar — Les difficultés d'accès au financement sont le principal obstacle au développement des chaînes de valeur agricoles au Sénégal, indique une étude consacrée à l'agriculture sénégalaise et publiée lundi à Dakar.
Cette étude a été menée par la Société financière internationale (SFI), la branche de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, dans le cadre de sa coopération avec l'APIX, l'agence gouvernementale chargée de la promotion des investissements et des grands travaux de l'État du Sénégal.
Elle porte sur le cadre réglementaire et l'accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises agricoles.
L'étude démontre que l'offre de financement du secteur connaît "une croissance prometteuse, avec un nombre croissant et une diversifié d'acteurs".
Le rapport publié par la SFI signale toutefois que plusieurs facteurs entravent la concrétisation de leur engagement. La persistance des risques liés à la production, à la commercialisation et à l'approvisionnement en matières premières fait partie de ces facteurs.
Bakary Séga Bathily, le directeur général de l'APIX
Ces difficultés impactent l'appétit des acteurs financiers et la capacité de remboursement des agriculteurs et des entrepreneurs agricoles, selon l'étude menée par la SFI.
"L'accès au financement demeure un défi majeur, c'est pourquoi le gouvernement travaille à la mise en place de nouvelles stratégies visant à mieux appréhender et à résoudre cette problématique", a expliqué Bakary Séga Bathily, le directeur général de l'APIX.
Il juge "impératif de redoubler d'efforts" pour moderniser ce secteur, améliorer sa productivité et garantir des conditions favorables aux agriculteurs, ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises agroalimentaires.
"Il y a des pistes de réflexion, avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, pour la signature d'un contrat tripartite entre les industriels, les producteurs agricoles et l'État, pour permettre aux producteurs agricoles de disposer d'un marché, à travers les industries qui sont déjà là, et permettre aussi aux industriels de sécuriser leur approvisionnement", a assuré M. Bathily.
L'étude indique que le gap de financement annuel du crédit de campagne au Sénégal est estimé à 364 milliards de francs CFA, un montant qui ne prend pas en compte les besoins d'investissement de la production agricole et de financement de la commercialisation.
"En créant un climat d'investissement plus attractif, l'APIX favorise la croissance des acteurs du tissu économique agricole, en facilitant notamment leur accès au foncier, au crédit et à des solutions de financement innovantes", a souligné son directeur général.
L'étude révèle également, concernant les institutions financières, que le manque de personnel spécialisé, de procédures adaptées et d'expertise nécessaire limite leurs capacités à financer de manière adéquate l'agriculture.
"L'enjeu, c'est vraiment de trouver les meilleurs mécanismes et les meilleures synergies pour prendre en charge ensemble cette préoccupation", a expliqué Fatma Fall Dièye, la directrice générale de La Banque agricole.
Cela va nécessiter une intervention "plus importante" de La Banque agricole, selon elle.
"C'est un enjeu national qui va nécessiter la mobilisation des banques mais aussi de tous les partenaires", a dit Mme Dièye.
L'étude souligne en outre que le déblocage du financement du secteur agricole de façon durable nécessite une approche intégrée et concertée.
"Nous savons tous que sans capitaux, il est impossible d'investir dans les infrastructures, la technologie et l'innovation nécessaires pour moderniser nos pratiques agricoles", a signalé Aliou Maïga, le directeur chargé du secteur financier à la SFI.
Il ajoute que la problématique de l'accès au financement implique plusieurs autres défis à relever pour les micro, petits et moyens entrepreneurs agricoles. Des défis liés à l'accès à la terre et à la sécurité des frontières, selon M. Maïga.