Madagascar: Industrie Musicale - Le streaming ouvre de nouvelles opportunités

Aujourd'hui, les artistes commencent à diffuser leurs oeuvres en streaming. En plus des supports physiques, c'est devenu l'un des moyens les plus efficaces de générer des bénéfices dans l'industrie musicale. Les plateformes telles que Spotify, Deezer, iTunes ou encore la version locale Moozik sont devenues le fer de lance de l'industrie musicale. Les artistes malgaches ne font pas exception à cette règle, beaucoup d'entre eux se lancent désormais dans le streaming de leurs oeuvres.

C'est un moyen de toucher un public plus large, mais aussi de s'adapter à l'ère numérique qui façonne le monde. Selon les grandes maisons de production africaines et internationales, le streaming «permet de diffuser plus largement les chansons, tout en constituant une alternative au piratage», explique Franck Kacou, directeur général de Universal Music Africa. Lui et son équipe ont rencontré hier, au Radisson, les artistes, lors d'un atelier consacré à cette nouvelle tendance de l'industrie musicale.

Il a été expliqué que le streaming est en train de remodeler l'industrie de la musique, notamment à Madagascar. Les chiffres sont impressionnants : chaque jour, plus de cent vingt mille titres sont ajoutés sur Spotify. Quant à l'application de streaming malgache «Moozik», plus de quarante mille titres y sont disponibles. C'est un véritable catalogue ! Le streaming se répand de plus en plus. «Chaque année, nous constatons, en tant que producteurs et ayants droit, qu'il y a une augmentation régulière de la consommation de musique via les plateformes de streaming», explique Franck Kacou.

Le nouveau modèle économique

En 2023, le chiffre d'affaires de l'industrie a explosé, notamment grâce aux plateformes de streaming. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale intitulé «Unlocking Opportunities for the Youth in the Orange Economy: Music in Africa», publié en septembre 2021, les revenus du streaming musical pourraient atteindre 493 millions de dollars en 2025. Cette prédiction devrait être vérifiée d'ici quelques mois. Le Nigeria est en tête du classement en Afrique, grâce à la popularité croissante de nouveaux genres musicaux qui s'exportent à travers le monde, comme l'afrobeat, qui connaît un essor aussi bien dans les pays anglophones que francophones.

À Madagascar, des artistes de ce nouveau genre, très en vogue, ont également réussi à se faire un nom sur la scène internationale, à l'image de Denise, égérie de la musique internationale malgache. Sur les plateformes de streaming, elle compte environ dix-huit mille auditeurs mensuels, avec des centaines de milliers d'écoutes pour chaque titre populaire. Les pratiques musicales deviennent également internationales.

Sur YouTube, chaque hit malgache est suivi par des auditeurs étrangers, et il en va de même pour les plateformes de streaming. Ainsi, la langue n'est plus un obstacle, car ce sont la rythmique, le flow et le genre musical qui touchent le plus les auditeurs. Les artistes ne sont plus limités aux disques compacts et aux concerts ; c'est un monde entier et un marché de niche qui s'ouvrent à eux, à condition de rester informés des changements qui s'opèrent.

Une promotion pour les artistes

Évidemment, il y a eu plusieurs pionniers qui ont investi les plateformes de streaming en premier. Désormais, de plus en plus d'artistes s'y mettent. Rajo Rajaonarivelo, directeur exécutif de Manoova, la société qui a développé Moozik, parle d'une tribune de choix pour promouvoir les artistes locaux, leur donner plus de visibilité et les protéger du piratage. Selon lui, cette plateforme de streaming a été développée «avec un niveau technologique comparable à celui des grandes plateformes mondiales telles que Spotify, Apple Music ou Deezer».

Il s'agit également d'une version interactive. Il existe une option karaoké avec ou sans paroles, et les titres peuvent être téléchargés tout en restant dans l'application. «Cela offre une meilleure protection contre le piratage», confie le responsable. Les artistes peuvent aussi y soumettre gratuitement leurs titres. Moozik permet ainsi une diffusion rapide et une promotion efficace pour les nouvelles sorties musicales. Actuellement, l'intégration de cette plateforme avec des systèmes de billetterie comme Ticketplace est en phase d'essai.

Les disques et cassettes en désuétude ?

Si autrefois les disques et les vinyles étaient les modes de consommation les plus en vogue, cette époque semble bel et bien révolue. Depuis la fin des années 1990, l'industrie musicale a connu au moins quatre grandes révolutions, toutes en proie au piratage, notamment avec les supports physiques disponibles en grande quantité. Les Malgaches ne sont pas encore réputés pour écouter de la musique en streaming ; il s'agit d'une tendance surtout répandue dans les grandes villes, là où l'accès à Internet est plus démocratisé.

Ce sont les traditionnels «mpampiditra hira» qui, dans un premier temps, diffusent les produits musicaux, puis la télévision et la radio. Toutefois, depuis 2019, la tendance commence à s'inverser ; les artistes, au lieu de miser uniquement sur la promotion à la radio et à la télévision, préfèrent également diffuser leurs oeuvres sur les réseaux sociaux. Cela garantit un accès permanent pour les consommateurs, qui se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux pour écouter de la musique.

Selon Jean Charles Mariani, directeur des contenus digitaux chez Universal Music France, «C'est l'accessibilité, plutôt que la possession de la musique, qui attire désormais les consommateurs», a-t-il affirmé hier. Selon le responsable, le streaming ne fonctionne pas de manière isolée dans l'industrie musicale. Il fait partie d'un écosystème complet qui englobe les divers modes de diffusion de la musique. Ces différents moyens de distribution contribuent à faire vivre l'industrie musicale, tant à Madagascar qu'à l'étranger. Il s'agit donc d'un modèle d'écoute complémentaire.

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