Le président de la comité ad hoc de révision des textes de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Kosso Diane, a dévoilé ce samedi 21 septembre, le «désaccord» entre l'instance fédérale et la Fifa sur certains points.
La très longue durée des AG, la réduction du temps de parole aux délégués et la pléthore des membres du comité exécutif sont entre autres, les points d'achoppement. Certains délégués de clubs sont restes bouches-blées pendant que Me Senghor lui, avec ironie, déclare : «pourtant des gens ont dit que la Fsf préparerait un hold-up». Saisi par la Rédaction de Sud Quotidien, une source établie à Zurich a accepté de nous livrer la teneur des échanges.
Limitations de nombre de mandats successifs
«C'est le 18 octobre 2023 que nous avons reçu certaines dispositions des statuts de la FSF et nous avons répondu par mail le 27 novembre », confie notre source qui précise que la FSF est revenue a la charge.
L'essentiel des observations de la Fifa portent sur la limitation du nombre de mandats successifs, le nombre élevé de membres du comité exécutif, la taille de l'assemblée générale, le grand nombre de commissions permanentes proposées et l'absence d'une disposition sur la publication des comptes de la FSF.
L'instance fédérale a d'ailleurs précise selon notre interlocutrice avoir pris en compte dans la nouvelle version à un maximum de trois mandats de quatre ans successifs et a ajouté une disposition sur la publication des comptes de la FSF.
INTERMINABLE ASSEMBLEE GENERALE
La Fifa a suggéré que la taille de l'Assemblée générale avec plus de 400 délégués soit revue à la baisse ainsi que le nombre des membres du Comité exécutif qui devrait passer de 33 à 23.
Or, la FSF y voit plutôt une «spécificité bien sénégalaise qui constitue le socle sur lequel est bâtie la stabilité de notre association en ce qu'elle traite avec une égale dignité tous ses membres, donne à ses dirigeants et organes de direction une légitimité incontestable, renforce sa base affective et le sentiment (à travers l'inclusion) d'appartenance à la famille du football de tous ses membres, du club professionnel au club amateur de niveau régional».
Suite à une large consultation des tous les segments, acteurs et membres de la fédération le consensus large qui se dégage, c'est son maintien.
Et pour cause, argue la FSF, « ce format a fini de façonner l'identité de notre modèle de gouvernance qui fait que, malgré les candidatures plurielles, nos élections sont apaisées et n'aboutissent jamais à des contestations ou crises post-électorales courantes dans beaucoup d'associations à suffrage limité ». Mieux, soutient l'instance fédérale «lors des derniers renouvellements 2021, un consensus large entre les différents candidats a fait, qu'au lendemain de celles-ci, les parties prenantes se sont retrouvées par un mécanisme de cooptation au sein de l'organe dirigeant qui est le comité exécutif dans le cadre d'un management inclusif et participatif inédit. C'est d'ailleurs cette dynamique unitaire qui est la base objective des succès au plan africain et mondial que notre football a connus au cours de ce mandat 2021-2025 ».
Quid du cout de l'organisation mis en avant par la Fifa, la Fsf soutient, « le nouveau système d'élections proposé dans le projet de statuts révisés permettra de faire des économies d'échelle ».
Toutefois, la FSF reconnait qu'avec les anciennes dispositions des statuts, obtenir les deux tiers des suffrages valablement exprimés, pour se faire élire au premier tour, est pratiquement impossible dans le contexte actuel. Ce qui conduit forcément à un second tour qui rallonge la durée de l'assemblée générale.
C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les acteurs ont demandé la révision des statuts dans le sens de consolider le système de gouvernance tout en expurgeant les aspects négatifs.
C'est pourquoi avec le système d'élections par collège des membres du comité exécutif inscrit comme nouveauté dans la proposition de statuts révisés, l'assemblée générale n'aura plus à élire que le seul président de la fédération, après avoir pris acte de l'élection des autres membres du comité exécutif par leurs collèges respectifs.
Ceci réduira de manière drastique la durée de l'assemblée générale de même que cela induira forcément une réduction des coûts de l'organisation.
Refus d'une démocratie représentative
Autre point d'achoppement entre la Fsf et la Fifa, c'est au niveau de la représentation a l'Assemblée générale. L'instance faitière souhaite que les délégués passent de 400 a 60 voire 80 maximum. Charge à ces derniers de porter les voix des autres, comme dans certaines associations nationales. Or, la FSF qui estime que le Sénégal a déjà expérimenté un tel système jusqu'en 1995 et refuse de le voir comme une « panacée ». Au contraire ! Il est même source de « certaines dérives constatées sous forme de compromissions en vue du détournement de suffrages ».
Pis, la FSF estime que «ce système de représentation universelle directe est tellement bien ancré dans nos pratiques et assimilé par nos membres que vouloir le changer à seulement une année de la fin du mandat peut être considéré comme suspect par les acteurs d'autant que, récemment, lors d'une tournée nationale de restitution des propositions de modifications retenues et consolidées par la commission de révision des textes, ils l'avaient tous approuvé sans réserve. C'est donc un pari risqué qui peut dérégler tout le système et porter les germes d'une certaine instabilité ».
Quant au nombre des membres du ComEx que la Fifa trouve élevé, la Fsf va adopter la même démarche pour se justifier en soutenant que la « logique de développement horizontal du football ne milite pas forcément vers la réduction du nombre de clubs affiliés (même si cela pèse sur le budget fédéral) »
Selon la FSF, la composition élargie du ComEx à compétences diversifiées reflète un « maillage territorial qui fortifie l'unité fédérale et l'union sacrée autour du football symbolisée par le slogan «Manko Wuti Ndamli» ( Se rassembler pour la victoire) qui a permis au football sénégalais d'exorciser les démons de la division structurelle pour se muer en modèle de football performant en Afrique ».
Par ailleurs, si on fait le rapport entre le nombre de membres du comité exécutif et le nombre de clubs, le ratio (environ 6%) est raisonnable et permet d'assurer une gouvernance inclusive, argue l'instance fédérale.
Doublons dans la représentation de certaines catégories
La Fifa qui a très bien scruté les textes de la Fsf relève des doublons dans la représentation de certaines catégories d'acteurs notamment un Président de la Ligue de football amateur qui fait office de Vice-président représentant les clubs amateurs ; du président du Collège des présidents de ligues régionales et 6 autres postes réservés aux présidents de ligues régionales.
Répondant a la première question, la FSF rappelle qu'il s'agit d'acquis sur la base de concessions de la Fifa et de l'Etat du Sénégal lors de l'adoption des statuts «post-normalisation» en 2009. Compte tenu de la grande majorité que représente le football amateur (plus de 400 clubs et groupements), il avait été décidé de lui accorder dans le comité exécutif deux postes de vice-président qui y ont des rôles et missions différents : le Président de la LFA avec des attributs de 2e vice-président de la FSF tandis que le 5e vice-président issu de la Ligue de Football Amateur donne plus de poids au rôle de clé de voute du football qui est dévolu aussi bien par les textes que par la réalité du terrain.
Quant à la 2eme question, la FSF répond : « c'est un mécanisme pour faire en sorte que les ligues régionales qui sont le moyen d'action de la fédération à la base soient bien représentées, en nombre, dans l'organe de décision. Leur présence dans le comité exécutif et leur implication dans la prise de décision garantit une mise en oeuvre harmonisée et cohérente des décisions et directives au niveau de la base ».
Vers une vice-présidence dédiée au football féminin
Dans ces recommandations, la Fifa demande plus de considération du football. C'est ainsi qu'elle réclame plus qu'une commission mais une vice-présidence. Une recommandation qui rencontre l'assentiment de la FSF qui soutient qu'elle a été prise en compte dans la dernière mouture des modifications avec l'attribution d'un nouveau poste de 7ème vice-président au football féminin en sus du poste de président de la commission de football féminin.
En effet, souligne l'instance fédérale, « le souci est, en perspective de la nouvelle Ligue nationale du football féminin en gestation, de marquer tout l'intérêt porté au développement de ce football et à la promotion du genre à travers une représentation consolidée au sein de l'instance de décision exécutive ».