Les difficultés d'accès à la terre, aux financements, l'impact du changement climatique, l'absence d'infrastructures, ainsi que l'intégration des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) sont autant de facteurs qui entravent l'essor du secteur agricole.
Afin d'y remédier, l'APIX, l'IFC, le CNCR, la Banque agricole, et bien d'autres structures échangent pour formuler des recommandations susceptibles de lever ces obstacles.
Le secteur agricole concerne 45 % des ménages sénégalais. Cependant, l'accès au financement demeure un obstacle majeur. Les résultats préliminaires du recensement de la population de 2023 montrent que 70 % des agro-PME n'ont pas accès aux crédits agricoles. Face à ce constat, et en lien avec les orientations stratégiques du programme visant à placer le secteur privé, notamment les entreprises locales, au coeur des politiques de développement durable des territoires, l'Agence pour la promotion de l'investissement et des grands travaux (APIX) a procédé, ce jour, à la dissémination du rapport intitulé : Revue du financement des producteurs et des agro-MPME.
Cette étude évalue le déficit de financement annuel du crédit de campagne au Sénégal à 364 milliards de FCFA (soit 618 millions USD), sans inclure les besoins d'investissement pour la production agricole ni ceux liés à la commercialisation. Selon le même rapport, l'offre de financement nécessaire aux transformateurs agroalimentaires formels s'élève à 184 milliards de FCFA, en précisant toutefois que ce montant n'inclut pas les besoins des transformateurs informels, qui constituent la majorité du tissu agroalimentaire. C'est ce qu'indique l'enquête réalisée par l'International Finance Corporation (IFC).
APIX S.A, en tant que fer de lance de la stratégie d'attraction des capitaux au Sénégal, doit également oeuvrer à l'amélioration de l'environnement entrepreneurial. Cela passe notamment par la réforme des cadres réglementaires, la mise en avant de projets structurants dans les zones rurales, ainsi que la facilitation des investissements privés dans les infrastructures agricoles, telles que les systèmes d'irrigation et les chaînes logistiques. « En instaurant un climat d'investissement plus attractif, APIX favorise la croissance des acteurs du tissu économique agricole, en facilitant notamment leur accès au foncier, au crédit, et à des solutions de financement innovantes », a affirmé Bacary Bathily, directeur général de l'APIX, dans son allocution introductive.
Pour atteindre cet objectif, « il est primordial d'améliorer la compétitivité de nos PME agricoles, un enjeu capital pour la souveraineté économique du Sénégal », a-t-il ajouté. L'accès au financement, en particulier, constitue un défi majeur. C'est pourquoi « le gouvernement s'attelle à la mise en place de nouvelles stratégies pour mieux appréhender et résoudre cette problématique », a déclaré le DG de l'APIX. La nouvelle stratégie de croissance vise notamment à créer, de manière proactive, des opportunités d'investissement dans des secteurs clés comme l'agriculture, ce qui exige une compréhension plus fine des dynamiques du marché.
Cheikh Ahmadou Bamba Fall, vice-président du Conseil national du patronat (CNP), a quant à lui souligné que le Sénégal a fait du développement de l'agriculture et de l'agro-industrie une priorité nationale, avec pour principal objectif l'augmentation de la production en vue d'atteindre l'autosuffisance alimentaire et de réduire notre dépendance aux importations. Selon lui, le principal défi auquel font face nos MPME est l'accès aux financements nécessaires au développement d'une agriculture moderne. En effet, les difficultés d'accès au financement entraînent d'autres défis que nos MPME agricoles doivent relever, tels que l'accès au foncier ou à la sécurité foncière, l'intégration dans les chaînes de valeur, l'impact du changement climatique, et l'absence d'infrastructures », a-t-il souligné.