Dakar — "Un siècle d'humanisme se referme", "Un baobab s'effondre", "Une vie cent fins", "témoin de son époque et figure incontournable de la scène nationale sénégalaise", "un patrimoine mondial" : les quotidiens reçus mercredi à l'APS rendent hommage à l'ancien Directeur général de l'Unesco, Amadou Mahtar Mbow, décédé, mardi, à l'âge de 103 ans.
Selon le quotidien Bës Bi, "une bibliothèque s'est éteinte avec le rappel à Dieu du professeur Amadou Mahtar Mbow. C'est un pan de l'histoire du Sénégal qui s'effondre". Le journal revient sur le parcours de "cette personnalité emblématique, enseignant, homme politique et premier Noir Directeur général de l'Unesco" et note que depuis l'annonce de son décès, "les réactions et témoignages se sont enchainés sur cette figure incontournable du monde intellectuel".
"'Un siècle d'humanisme se referme", selon L'As qui écrit : "Beaucoup ne peuvent se targuer d'avoir sa longévité. Beaucoup ne peuvent se targuer, d'avoir son parcours. Amadou Mahtar Mbow est un météore aux confluents de deux siècles qu'il a su illuminer. C'est un passeur d'humanité et d'excellence. Né à Louga en 1921, il fait partie du cercle fermé des rares sénégalais qui portent à eux seuls le prestige de tout un pays. Comme Senghor, Cheikh Anta Diop, Souleymane Bachir Diagne, Baye Niasse, Sadio Mané, son nom se confond avec le Sénégal à l'étranger".
Le Quotidien salue "une vie cent fins". "Amadou Mahtar Mbow est un mortel : il est décédé hier à l'âge de 103 ans, après avoir traversé les époques et les générations. Mais, il restera éternel comme le montre sa longévité au service de son pays. C'est le dernier plus grand témoin de l'histoire politique moderne du Sénégal. Le dernier des 10 ministres du premier gouvernement du pays mis en place le 20 mai 1957. Le dernier père fondateur du Sénégal en vie après les décès de Senghor, Dia, Abdoulaye Ly, entre autres, qui étaient les poutres d'une Nation sénégalaise en construction. Il l'a accompagnée jusqu'après l'âge adulte en mettant son expertise, son expérience et son amour à son service", souligne la publication.
"Amadou Mahtar Mbow, à jamais !", s'exclame Sud Quotidien, soulignant que c'est "un monument de l'éducation et de la culture, le père du Nouvel ordre mondial de l'information et de la communication qui s'est effondré".
Selon Le Soleil, "un baobab s'affaisse". Le journal qui salue "une vie au service de la mémoire et de l'identité" se fait écho des hommages unanimes à "un géant de la vie politique sénégalaise". Dans le quotidien, le chef de l'Etat souligne que Amadou Mahtar Mbow "laisse un héritage inestimable marqué par son combat pour une justice éducative et culturelle mondiale".
"Témoin de son époque et figure incontournable de la scène nationale sénégalaise, le quotidien EnQuête souligne que Amadou Mahtar Mbow n'a jamais cédé à l'idée de prendre un repos pourtant bien mérité. Son parcours exceptionnel, marqué par des engagements tant au Sénégal qu'à l'échelle internationale, fait de lui une personnalité unanimement respectée dans un pays souvent traversé par des polémiques. Monsieur Mbow, l'un des rares personnages publics à susciter une telle admiration sans contestation, a reçu l'hommage de son peuple bien avant son décès. Il y a trois ans, à l'occasion de son centenaire, "de nombreux compatriotes lui ont rendu un vibrant hommage, exhortant les jeunes générations à s'inspirer de son impressionnant parcours".
Le Sénégal a perdu "son patrimoine mondial", dit WalfQuotidien. "Amadou Mahtar Mbow, un nom qui brille au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Son parcours durant sa vie d'ici bas a inspiré des générations mais dans les faits, il reste une copie unique. L'Homme a vécu avec ses convictions. Il était l'incarnation de la sacralité de la parole. Dans un monde où le reniement est le sport favori de la classe politique, le patriarche Amadou Mahtar Mbow était d'une honnêteté remarquable.
En témoignent ces innombrables mérites et l'avalanche de louanges qu'anonymes comme célébrités lui ont bien évidemment réservés. A juste titre. En ces heures de deuil quasi national, son legs ne doit pas être vain", écrit Walf.