De la ruralité au firmament. Le parcours du Pr. Amadou Mahtar Mbow force le respect.
Bien que né citadin à Dakar, le regretté patriarche Amadou Mahtar Mbow a grandi loin des grands centres urbains d’alors (Dakar Rufisque Saint Louis et Gorée : les quatre communes) à Louga à 71 km de Saint Louis, précisément dans un milieu empreint de ruralité, qui l’a profondément marqué.
Comme tous les jeunes de son âge à l’époque, il a débuté ses humanités à l’école coranique, avant d’intégrer l’école coloniale trois ans plus tard.
Son parcours plus que centenaire, n’a pas été un long fleuve tranquille. Après l’école coloniale, ce fut un long périple qui le conduisit d’abord à Dakar pour achever sa formation administrative et en gestion entre autres, le président Mbow a eu une première expérience comme commis de l’administration à la suite de laquelle il s’engage comme volontaire pour se faire enrôler en février 1940 dans l’armée de l’air française pendant la seconde guerre mondiale.
Cette parenthèse de la guerre fermée, Amadou Mahtar Mbow, passe son baccalauréat en 1948 à Paris et s’inscrit en licence d’histoire à la Sorbonne avec pour ambition de se préparer à la politique, dans la perspective d’un retour au bercail.
Ce fut le début d’une longue période de militance étudiante et d’engagement politique, au sein de l’association des étudiants africains de Paris (APEAP) d’abord, l’ancêtre de la Fédération des Etudiants Africains en France (FEANF), dont il fut par la suite, élu secrétaire général au congrès du 22 mars 1951. Mais pour qui connait l’attachement de l’ancien directeur général de l’UNESCO pour le continent, ce n’est pas surprenant que dès l’été 1951, il rejoigne la mère patrie pour prendre fonction comme professeur à Rosso, et en 1953, comme chargé des services de l’éducation de base au Sénégal et en Mauritanie.
Il prit alors le pouls de l’effervescence politique qui se dégageait à l’époque, c’est ainsi qu’il adhère au BDS de Senghor et Mamadou Dia, et à la faveur de la loi cadre Gaston Defferre, Amadou Mahtar Mbow devient le premier ministre de l’éducation du Sénégal avant indépendance, ce qui ouvre la voie à une carrière politique, qui ne s’arrêtera provisoirement quand il sort de la vie publique après sa nomination au Conseil exécutif de l’Unesco en 1966.
Entretemps il est vrai, la crise de 1962 est passée avec l’emprisonnement du président Mamadou Dia, de même que la Grève de 1968, au cours desquelles Amadou Mahtar Mbow était au cœur de l’action.
Mais son rôle déterminant au sein de l’organisation onusienne, lui valut d’être désigné comme représentant du groupe des états africains au sein du quel son leadership n’a pas tardé à s’exprimer, car non seulement, il a contribué à impulser des prises de position de l’Unesco sur les questions d’auto détermination en Afrique, il a permis de raffermir les liens entre l’OUA d’alors et l’Unesco.
Nul doute que ce rôle crucial a été déterminant dans son élection en 1974 à la tête de l’Unesco en remplacement du français René Maheu. Il y restera jusqu’en 1987, avec le bilan plus que remarquable qu’on en sait.
Le grand homme qui vient de nous quitter, n’a pas pour autant tourné le dos à la scène publique, hormis l’épisode de son retrait au Maroc, chez son ami le Roi Hassan II, Amadou M. Mbow devait revenir dans le jeu politique sénégalais à la fin des années 2000.
En effet, l’appel du devoir a fait que c’est à lui que la Présidence des Assises Nationales a été confiée à l’unanimité entre 2008 et 2009. C’est par ses mains expertes, entouré de personnalités de hautes qualités, qu’il a réussi à mettre, entre les mains du peuple sénégalais son dernier livrable qui aujourd’hui est une sorte de livre de chevet pour les acteurs de la vie publique sénégalaise, tant ses recommandations restent encore d’actualité.
Merci Président Mbow !