C'est un procès qui figure en bonne place dans l'agenda du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et est très attendu par tout le Mali. Initialement prévu pour le 17 septembre dernier, il a dû être à cause de la double attaque terroriste contre l'école de gendarmerie de Bamako et l'aéroport international Modibo-Keïta.
Une semaine après, l'affaire dite de l'achat de l'avion présidentiel et équipements militaires est entendue devant la Cour d'appel de Bamako. A la barre, d'anciens ministres et d'officiers. Ils sont poursuivis pour « détournement de fonds » et « corruption ». Parmi la dizaine de prévenus figure l'ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, décédé en détention en 2023, ministre de la Défense au moment des faits, et l'ex-ministre des Finances Bouaré Fily Sissoko.
Ce scandale présumé qui porte sur un détournement de plus de 28 milliards de francs CFA en ce qui concerne l'acquisition de l'avion et de 60 milliards pour les équipements militaires a été dévoilé, on se le rappelle, en 2014 par le journal d'investigation Le Sphinx.
Suite à cette information, le Fonds monétaire international (FMI) a exigé un audit dont le rapport final a confirmé effectivement l'existence d'irrégularités. Depuis ce temps, entre arrestations de présumés coupables et instruction du dossier marquée, entre autres, par le décès en détention du principal acteur présumé de cette affaire, en l'occurrence Soumeylou Boubèye Maïga, on se demandait si la promesse du pouvoir militaire allait être tenue. C'est désormais chose faite.
Sans présumer de ce qui sortira du prétoire, on ne peut s'empêcher de se demander si toute la lumière sera faite sur ce dossier brûlant de la république. La question mérite d'être posée quand on sait que dans les affaires d'achat d'armes, domaine de l'opacité par excellence, c'est généralement tout un réseau de civils comme de militaires qui, au nom du secret-défense, se laissent aller à la concussion, au détournement, à des commissions et rétro-commissions dont ils ont le secret.
Il n'est pas non plus superflu de redouter des règlements de compte politique de la part du pouvoir actuel contre celui qu'il a renversé en août 2020.