Soudan: L'enfer soudanais

25 Septembre 2024
analyse

Au Soudan, les armes crépitent encore et encore. Au grand désarroi de ceux qui appellent de tous leurs voeux à un retour rapide à la paix dans ce pays d'Afrique du Nord-Est habitué à la guerre. Le conflit qui oppose l'armée régulière du général Abdel Fattah Al-Bourhane aux forces paramilitaires du général Mohammed Hamdan Daglo, s'enlise depuis plus d'un an. Les jours se suivent et se ressemblent au Soudan, tous aussi funestes les uns que les autres.

Le dernier développement de cette guerre fratricide est l'offensive à grande échelle lancée par les forces paramilitaires sur la ville d'El-Fasher, qu'ils assiègent depuis mai dernier. Les hommes du général Daglo, plus hostiles que jamais, tentent de s'emparer de cette métropole, la seule capitale des cinq Etats du Darfour dont ils n'ont pas encore le contrôle. Cette offensive a bien évidemment occasionné des dégâts humains et matériels importants.

C'est à croire que le sang n'arrêtera jamais de couler au Soudan où les âmes sont en peine. Depuis le début de la guerre en avril 2023, au moins 20 000 morts et des milliers de blessés ont été enregistrés selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'autres sources, plus alarmistes, évoquent même le chiffre de 150 000 décès.

L'insécurité a par ailleurs fait plus de 10 millions de déplacés, dont la plupart ont fui les combats pour des abris plus sûrs à l'étranger. En tous les cas, le Soudan est devenu un champ de ruines et de désolation qui porte la signature des deux parties en conflit, responsables de violences pouvant constituer des « crimes de guerre » et des « crimes contre l'humanité », d'après des enquêteurs indépendants instruits par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

%

Rien ne va dans ce pays, qui est devenu, entre autres, le théâtre d'atrocités, de famine, d'épidémies, de déplacements massifs de populations. Le Soudan est plongé dans un cauchemar, et les deux généraux Al-Bourhane et Daglo en portent l'entière responsabilité. Ces deux hauts gradés, qui étaient des alliés avant de se haïr sauvagement, auraient dû être dans la posture de bâtisseurs que de destructeurs.

Sont-ils fiers au fond d'eux-mêmes de la situation catastrophique dans laquelle ils ont mis leur pays ? On ne le croit pas. Si les deux généraux avaient vu plus haut que le bout de leur nez, ils n'allaient pas s'entêter dans cette bagarre sordide pour le contrôle du pouvoir. C'est malheureusement le cas et toutes les initiatives entreprises par la communauté internationale pour les amener à fumer le calumet de la paix n'ont pas encore porté fruit.

Les multiples appels à cesser les hostilités n'ont jamais été entendus par les belligérants qui n'en font qu'à leur tête. La grave crise humanitaire, engendrée par le conflit, ne semble pas du tout les émouvoir. Quelle intransigeance ! La communauté internationale qui avait récemment tenté sans succès de faire avancer les négociations sous l'égide des Etats-Unis, peine à trouver une thérapie de choc au mal soudanais.

L'horizon semble boucher, mais il faut y croire encore. On espère que le camp du général Daglo, le plus radical surtout, finira par faire une concession pour donner la chance à la paix. Il faut à tout prix que les armes se taisent, vu les conséquences fâcheuses de cette guerre. Trop, c'est trop...

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.