Congo-Kinshasa: L'opposition manifeste à Kinshasa pour dénoncer «les arrestations politiques»

Alors que la République démocratique du Congo tente d'obtenir un siège au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, des centaines d'opposants politiques et de militants d'ONG ont manifesté ce mercredi 25 septembre à Kinshasa pour exiger la libération de ceux qu'ils considèrent comme des « prisonniers politiques et d'opinion » et dénoncer le rétrécissement de l'espace démocratique dans le pays.

La première mobilisation de l'opposition et de la société civile depuis la présidentielle de décembre dernier a eu lieu mercredi 25 septembre en RDC. À Kinshasa, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le palais de justice de la capitale qui abrite le cabinet de l'homme-orchestre des libérations de détenus dans les prisons du pays pour lui remettre un mémorandum.

Tiré à quatre épingles, ce manifestant brandit un drapeau de l'Alliance pour le changement (APC), le parti de Jean-Marc Kabund, emprisonné depuis deux ans. « Récemment, nous avons vu le ministre de la Justice libérer des prisonniers qui sont des "kulunas" - des voleurs -, alors pourquoi nos politiciens sont-ils, eux, toujours incarcérés ? », s'interroge-t-il.

« Qui va mettre des garde-fous à ce régime ? »

Devant le garde des Sceaux Constant Mutamba sorti de ses bureaux pour recevoir le document des protestataires, la cheffe-adjointe de l'APC, Antoinette Bilali lance en le regardant droit dans les yeux : « Si les opposants sont emprisonnés et condamnés, qui va mettre des garde-fous à ce régime ? Ceux qui détiennent la vérité ne la révèleront pas parce qu'ils ont peur. Voilà donc pourquoi nous sommes là : pour exiger que s'il y a un brin de justice dans notre pays, tous les opposants politiques soient libérés ». Toujours face au ministre, ce militant crie quant à lui sa colère : « Aujourd'hui, la justice pour laquelle nous nous sommes battus se dresse contre nous. Les amis de lutte, tu les as oubliés les amis de lutte, Excellence ? Qu'ils soient libérés ! ».

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« Une crispation totale de l'atmosphère sociopolitique en RDC »

Du côté de la société civile, Christopher Muyisa, un militant du mouvement Filimbi, se dit stupéfait et pointe le parti présidentiel. « Nous sommes très surpris de voir qu'après avoir longtemps combattu pour la démocratie, l'UDPS se transforme en un instrument de répression systématique des activistes, des opposants et des journalistes », s'emporte-t-il.

Merveilles Kasongo milite pour sa part au sein du mouvement Lucha qui a mobilisé ses troupes pour l'occasion. Il déplore « une crispation totale de l'atmosphère sociopolitique [en RDC] qui se caractérise par le musèlement, les arrestations arbitraires et l'exil forcé. Trop c'est trop, poursuit-il. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui n'est que la première phase d'une mobilisation que nous allons pérenniser avec des manifestations de grande envergure dans toutes les villes du pays ».

Constant Mutamba promet aux manifestants un examen « minutieux » de leur mémorandum

Dans leur mémorandum, les protestataires citent plusieurs prisonniers emblématiques qu'ils souhaitent voir libérés comme Jean-Marc Kabund, Seth Kikuni, Mike Mukebayi ou Daniel Safu, mais aussi trois activistes des mouvements citoyens à Goma. Ils y réclament également justice pour l'opposant Jacky Ndala qui dit avoir été violé lors de sa détention au secret, ou encore pour Cherubin Okende retrouvé mort l'an dernier.

Sans faire de commentaires, le ministre de la Justice a réceptionné le mémorandum, promettant aux manifestants un examen « minutieux » de leurs revendications et de leurs griefs.

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