Soudan: Guerre au pays - «Ses conséquences ne se limiteront pas à la région», prévient l'ONU

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé le 25 septembre 2024 au chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, sa « profonde inquiétude » concernant « l'escalade » au Soudan, tandis que les humanitaires ont dénoncé l'« enfer » vécu par les civils dans ce pays d'Afrique de l'Est. En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, une réunion était d'ailleurs consacrée à cette guerre qui a débuté le 15 avril 2023. Le Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi a, lui, pointé du doigt l'inaction de la communauté internationale et l'a prévenue que cela aurait des conséquences bien au-delà des frontières soudanaises.

La réponse humanitaire de la crise au Soudan est sérieusement sous-financée : seul un quart du budget nécessaire cette année a été rassemblé par la communauté internationale. Alors le bureau de Coordination des affaires humanitaires de l'ONU a organisé le 25 septembre 2024, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, un rassemblement pour lever des fonds.

Le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, n'a pu s'empêcher de remarquer cyniquement que tous les gouvernements présents se disaient en faveur de la paix au Soudan, et ce depuis plus d'un an, mais que la situation avait depuis empiré : 11 millions de Soudanais sont des déplacés, 25 millions souffrent de malnutrition et aucun cessez-le-feu ne semble en vue.

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« Les personnes déplacées à l'intérieur du Soudan deviendront des réfugiés »

C'est dans ce contexte que Filippo Grandi a pointé du doigt l'inaction de la communauté internationale et l'a prévenue que cela aurait des conséquences bien au-delà des frontières soudanaises. « La solution à cette crise se trouve au Soudan, mais je peux vous assurer que ses conséquences ne se limiteront pas à la région, a-t-il assuré. Les personnes déplacées à l'intérieur du Soudan, non-prises en charge, non-atteintes, deviendront des réfugiés : plus de 2 millions ont déjà traversé la frontière vers les pays voisins, vers l'Égypte, le Tchad, le Soudan du Sud, l'Éthiopie, la République centrafricaine. Des pays confrontés à leurs propres situations d'instabilité et de fragilité, avec leurs propres défis ».

L'Italien insiste : « Nous devons les soutenir. Sans votre soutien, cette liste de pays continuera de s'allonger. Le Haut-Commissariat aux réfugiés vient de déclarer l'urgence en Ouganda et en Libye liée au conflit soudanais, et les gens vont se déplacer plus loin. Les réfugiés soudanais traversent déjà la Méditerranée et même la Manche. »

Les États-Unis annoncent 424 millions de dollars d'aide

Dans la salle du sous-sol de l'ONU, où se déroulait la réunion consacrée à la guerre soudanaise, la nouvelle du versement de 424 millions de dollars par les États-Unis, a été bien accueillie, le budget de la réponse humanitaire au Soudan grossissant puisqu'aucun cessez-le-feu n'est en vue.

L'Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la Russie, tous impliqués dans la guerre civile en armant le gouvernement au pouvoir ou les combattants des Forces de soutien rapide (FSR), étaient présents et tous ont promis des fonds, ce qui a indigné la société civile soudanaise, qui a dénoncé une mascarade, à l'instar de la jeune activiste Nisreen Elsaim, qui les a pris à partie sur l'estrade : « Vous ne pouvez pas continuer à répéter les mêmes erreurs et à nous faire payer, à nous, la jeunesse soudanaise ! Nos avenirs sont perdus dans les déplacements forcés et les camps de réfugiés. Nous sommes des dommages collatéraux dans la lutte de pouvoir des factions belligérantes. »

Au Soudan, une guerre oppose depuis le 15 avril 2023 l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux paramilitaires des FSR de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Dogolo dit « Hemedti ». Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, plus de 10 millions de déplacés et près de 26 millions de personnes - la moitié de la population - font face à une insécurité alimentaire sévère, selon l'ONU.

La mort de quatre soldats émiriens au Soudan fait polémique à Abou Dhabi Aux Émirats arabes unis, les familles de quatre militaires ont été informées, ce 25 septembre 2024, de la mort de leur proche dans un accident de la circulation, rapporte Houda Ibrahim du service Afrique de RFI.

Mais la version de la mort de ces soldats varie selon les sources. Ils seraient morts sur le terrain au Soudan alors qu'ils combattaient aux côtés des Forces de soutien rapide (FSR).

La photo des dépouilles des quatre militaires émiriens reçues durant une cérémonie à l'aéroport d'Abou Dhabi a fait le tour des réseaux sociaux. Le ministère de la Défense évoque ce mercredi, dans un communiqué ambigu, la mort de quatre soldats « en faisant leur devoir national ». Huit autres ont été blessés.

Le communiqué précise que ces soldats sont morts en « martyrs » lors d'un « accident » qui s'est produit « à l'intérieur de l'État », sans préciser le lieu de l'incident survenu le 24 septembre.

Au Soudan, des personnalités haut placées comme Tajeddine Othmane, un responsable du parti Baath, a écrit que ces Émiriens sont morts aux côtés des FSR et pose cette question : Pourquoi Abou Dhabi cache la vérité sur leurs morts ? Des appels, relayés par des opposants émiriens à l'étranger, demandent au pouvoir d'Abou Dhabi de « dire la vérité aux parents de ces militaires » tués au Soudan.

Selon plusieurs sources, ces militaires sont morts suite aux frappes aériennes qui ont visés les FSR à l'aéroport de Nyala, à l'ouest du Soudan, les paramilitaires voulant utiliser cet aéroport en secret pour recevoir des aides et évacuer leurs blessés, révèle Sudan Tribune.

Accusée à de multiples reprises par Khartoum de financer et d'armer les FSR, Abou Dhabi a toujours nié son implication. Déjà, en juin dernier, le nom d'un officier émirien tué lors des combats a été révélé par des ONG locales. Aux Émirats, sa famille a été informée de sa mort mais dans un accident de la circulation.

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