"Le Conseil de Sécurité concerne tout le Monde y compris le Sahel "
Le Sommet du Futur des Nations Unies s'est ouvert ce 23 septembre dans un contexte international tendu, bien différent de celui euphorique qui adopta l'Agenda pour la Paix en 1992. Ce Sommet du Pacte pour l'Avenir pourrait-il raviver l'enthousiasme perdu ?
Les guerres en cours et les terrorismes en expansion ne contribuent pas à une image d'efficacité de l'ONU. L'impuissance, des membres permanents du Conseil de Sécurité, à mettre fin aux guerres affaiblit la confiance en lui et favorise les débats pour sa réforme. A travers le monde, les populations doutent de l'engagement pour la paix du Conseil et restent sceptiques quant à son efficacité. Ses cinq membres permanents n'en sont pas les gagnants.
La communauté internationale est perçue non plus comme une entité mondiale mais comme des groupes aux intérêts conflictuels. Le fameux « Nous, le peuple » de la Charte de l'ONU dépérit. Dans ce contexte, cette 78eme session de l'Assemblée générale devrait soutenir le Secrétaire général et ses propositions de réforme du Conseil de Sécurité.
En 1992, elle adopta la "Diplomatie préventive, le rétablissement et le maintien de la paix : l'Agenda de la paix" dont l'une des priorités est que la paix mondiale soit une quête internationale soutenue par tous. Face aux graves antagonismes entre les puissances nucléaires, les risques d'une guerre mondiale sont plus que jamais actuels. D'autres crises - le changement climatique, les migrations régionales et internationales chaotiques - affectant les relations entre nations nécessitent des actions efficientes.
Aujourd'hui, les appels à la paix des grandes puissances sont ignorés car elles sont elles-mêmes perçues comme ignorant la paix. Aussi, avec le déclin de la démocratie à travers le monde, en soi un risque sécuritaire, la réforme du Conseil de Sécurité devrait être, plus qu'une nouvelle quête, une nécessité.
Les guerres actuelles affaiblissant l'image du Conseil de Sécurité, garant de la paix, les consultations sur sa réforme, vieilles de plusieurs décennies, devraient aboutir. Les propositions, visant à renforcer sa légitimité préconisent son élargissement pour une meilleure représentativité géographique. Ses membres permanents - Chine, France, Russie, Royaume-Uni et Etats Unis - pourraient être plus ouverts et les partisans de la réforme être moins dogmatiques. En effet, la restructuration du Conseil de Sécurité engage des intérêts majeurs dans chacune des cinq régions de l'ONU.
Réformer ou continuer ?
Le Conseil de Sécurité a été élargi, discrètement et avec succès en 1965, en ajoutant 4 aux 6 états non permanents. Depuis les années 1970 de multiples propositions de réforme ont été, sans succès, formulées. En 1979, l'Assemblée générale en adopta une. En 1992, le Groupe africain a "appelé à une représentation équitable" » et à sa mise en oeuvre en 1993. Avec Kofi Annan, les discussions devinrent plus formelles et en 1998, l'Assemblée générale, avec une majorité des 2/3, recommanda son élargissement. Un Groupe de travail pour "une représentation équitable au Conseil de sécurité de l'ONU" fut créé. En 2005, l'Union Africaine adopte " le Consensus d'Ezulwini," son projet de réforme du Conseil de Sécurité.
En 2007, le groupe de travail sur " l'augmentation du nombre de membres du Conseil de Sécurité appelle à une représentation géographique équitable et l'Assemblée générale créa le "Cadre de négociation intergouvernemental (IGN)". En 2008, elle adopte une proposition de réforme plus détaillée abordant: la catégorie de membres; la question du veto ; la représentation régionale ; la taille et l'élargissement ; les méthodes de travail et les relations entre Conseil de Sécurité et Assemblée générale.
La réforme du Conseil de Sécurité exige toutefois de comprendre son extrême complexité au niveau des Régions où les solidarités présumées fortes ne le sont pas. Ainsi pour l'Asie les candidats possibles sont le Japon, contributeur majeur au budget de l'ONU, et l'Inde. Le droit de véto de la Chine sera décisif. Pour l'Amérique latine quel choix entre deux ex colonies espagnoles, Argentine et Mexique, face au Brésil lusophone?
Le groupe occidental: France et Royaume-Uni ne peuvent continuer d'ignorer l'Allemagne, principale économie de l'UE et troisième du monde. Les pouvoirs constitutionnels du Sénat américain, en matière de défense et d'affaires étrangères, en font presque un État souverain. La Société des Nations (SDN), prédécesseur raté de l'ONU, a perdu sa crédibilité après le refus du Sénat d'y adhérer malgré la volonté du président Wilson. Aujourd'hui aussi, réformer le Conseil de Sécurité ne saurait ignorer le Sénat.
L'Afrique a ses candidats logiques par leurs peuplement: Égypte, Éthiopie, Nigéria et Afrique du Sud. Le passé colonial, la persistance de guerres civiles et l'exclusion ethnique ne peuvent justifier l'entrée au Conseil de Sécurité. Nombre de ceux qui dénoncent l'absence de l'Afrique au Conseil de Sécurité viseraient aussi à mobiliser des voix supplémentaires pour obtenir une réforme qu'ils n'arrivent pas à obtenir pour eux-mêmes. L'Afrique devrait cesser de se battre pour d'autres comme lors des deux guerres mondiales et commencer à agir pour elle-même.
In fine, éviter que la légitimité internationale, en déclin, de s'effondrer davantage est une urgente responsabilité. Avec des guerres en expansion, des millions de réfugiés et de déplacées, des migrations de masse et une dégradation continue de l'environnement, le renforcement de l'efficacité du Conseil de Sécurité est vital.