À Madagascar, les aspirants maires et conseillers municipaux n'ont plus que quelques heures pour boucler leur dossier de candidature et pourtant, le suspense reste entier dans plusieurs communes. À commencer par Antananarivo, la capitale, où ni l'opposition, ni le parti du pouvoir n'ont présenté officiellement leur champion.
Les autres grandes villes du pays, clefs pour le scrutin du 11 décembre prochain, seront aussi scrutées de près. L'opposition comme une partie de la société civile y dénoncent des manoeuvres faites pour compliquer les candidatures, voire écarter des opposants de la course.
Tamatave, Diego-Suarez, Tuléar ou encore Antananarivo... Ces grandes villes malgaches ont un point commun : les obstacles cumulés par les candidats d'opposition aux municipales. Certains rencontrent de grandes difficultés pour justifier d'une situation fiscale en règles. Pour d'autres, d'anciennes affaires judiciaires ressurgissent.
À Diego-Suarez d'abord, capitale du nord de Madagascar, le maire sortant Jean-Luc Djavojozara vient d'être condamné à cinq ans de prison pour détournement de fonds dans une affaire datant de 2017. Quelques jours plus tôt, à Tuléar, dans le sud de l'île, Tony Perkins, candidat adoubé pour ces municipales par la première force d'opposition du pays, a été arrêté pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux un scandale de riz avarié.
« Lorsqu'il y a des revendications, ça commence toujours au niveau des grandes villes »
« Avec les problèmes sociaux actuels, les problèmes d'eau, d'électricité, l'inflation, il y a risque de meeting et de manifestation au niveau des grandes villes », analyse Stella Razanamafeha, porte-parole de la mission d'observation électorale « Safidy ». Elle pointe une instrumentation du pouvoir judiciaire au niveau de communes, rappelle-t-elle, hautement stratégiques : « En général, lorsqu'il y a des revendications, ça commence toujours au niveau des grandes villes. Et selon les expériences antérieures, ça peut aboutir à la chute du président au pouvoir. »
Au-delà des grandes villes, les regards se tournent ce jeudi vers les zones rurales, où se concentrent les difficultés administratives et financières. Mercredi, à 24 heures de la clôture du dépôt des dossiers, plus de 10% des communes de l'île restaient dépourvues de candidats.