Gourel Défa (Matam) - Beaucoup d'habitants de Gourel Défa, un quartier de la commune de Matam (nord), ont commencé à quitter leurs maisons, à cause des inondations causées par la montée des eaux du fleuve Sénégal, a constaté l'APS.
La digue de protection, qui le ceinture, n'a en effet pas tenu face à la crue déferlante. Les eaux ont envahi ce quartier situé au bord de la route principale menant vers Diamel, un autre quartier de Matam.
À Défa, les maisons sont espacées les unes des autres de plusieurs mètres. Des concessions de fortune côtoient des bâtiments en dur en construction.
Certains de ces bâtiments, déjà prêts à être habités, sont pourtant vides et fermées à clé. D'autres constructions sont au stade des fondations. Quelques-unes d'entre elles sont entièrement envahies par les eaux.
Kadia Sow, une habitante du quartier, est obligée de patauger avec ses trois enfants pour sortir de sa maison. C'est la seule manière pour elle de rejoindre la route principale du quartier afin d'aller vaquer à ses occupations.
Derrière elle, sa fille cadette crie de toutes ses forces, devant l'impossibilité pour elle de suivre le rythme de sa mère.
Cette dame d'une quarantaine d'années vit sous les eaux depuis plusieurs jours. Sa maison, comme beaucoup d'autres de ce quartier de la commune de Matam, sont à la merci des eaux du fleuve. Celles-ci ne cessent en effet de monter et ont dépassé la cote d'alerte de 8 mètres à la station de Matam.
Elle dit avoir déjà fait ses bagages et s'apprête à quitter la demeure familiale en compagnie de ses enfants.
"Un de mes fils est parti hier. Mon mari est allé chercher un endroit où il pourra habiter le temps que la situation revienne à la normale. Moi, je vais rejoindre ma famille à Tiguéré", explique-t-elle.
Une ampleur inédite
Et comme à l'ordinaire depuis quelques jours, Gourel Défa s'est réveillé en cette matinée au milieu des eaux qui l'encerclent de partout.
Sur une charrette, des femmes s'apprêtent à quitter les lieux pour se rendre au marché central de Matam, où elles mènent des activités commerciales.
À l'évocation de la question des inondations dans leur quartier, elles décident aussitôt de descendre de la charrette, un moyen de locomotion très prisé dans cette partie de la commune de Matam, pour parler de leur situation.
De mémoire de ses habitants, Gourel Défa n'a jamais été confronté à des inondations d'une ampleur aussi grande que celle de cette année.
"J'habite ici depuis plusieurs années, mais je n'ai jamais connu cette situation. La montée des eaux n'a jamais créé des inondations dans ce quartier", déclare Marième Diaw, une habitante de Gourel Défa d'un âge avancé.
Pendant qu'elle parle, d'autres femmes sinistrées accourent pour l'entourer, comme pour mieux conforter ses propos.
Non loin de la maison de Kadia Sow se trouve une autre concession totalement inondée. Ici, l'eau s'est arrêtée juste à l'entrée du bâtiment principal. Les toilettes, situées en dehors de la bâtisse, sont également envahies par les eaux, de même que les alentours du puits.
Une résidente marche pieds nus sur plusieurs mètres avant d'atteindre la terre ferme.
En face, un bâtiment en construction devant abriter des bureaux de la Douane n'est pas, non plus, épargné.
Pour le jeune Abdourahmane Diop, qui s'active dans le transport fluvial entre Matam (Sénégal) et Réwoyel (Mauritanie), les habitants du quartier n'ont d'autre choix que de déménager.
"Beaucoup d'habitants ont quitté le quartier pour aller trouver des logements à Soubalo [quartier de Matam] ou ailleurs. Nous n'avons jamais vécu une situation pareille depuis que j'habite ici", souligne-t-il.