L'attitude de Roger Milla envers Marc Brice suscite étonnement et perplexité, cette attitude révèle une réalité plus large sur notre pays et ses figures publiques. Il y a quelques années, Milla s'était fermement opposé à Samuel Eto'o, à une époque où ce dernier était perçu comme indiscipliné et exerçait une influence considérable sur l'équipe nationale. Milla, alors, semblait être l'un des rares à oser critiquer Eto'o ouvertement, et il affichait par là un courage et une objectivité qui forçaient le respect.
Mais le temps a passé, et Eto'o est devenu président de la Fecafoot ; ce dernier en fin stratège et diplomate, a su habilement séduire Milla, notamment dans le cadre de ses conseillers de l'ombre. Désormais, notre ambassadeur, autrefois intransigeant, semble prisonnier de cette relation, incapable de juger avec la même lucidité qu'autrefois. La gestion de la Fecafoot par Eto'o est un échec patent. Malgré la présence de conseillers émérites autour de lui, l'organisation souffre d'une direction incompétente. L'argent, une fois encore, révèle sa puissance destructrice dans notre société : il affaiblit les principes et réduit les volontés.
Au Cameroun, la corruption morale est telle que même les plus aguerris plient sous le poids de l'or. Tant que le staff dirigé par Eto'o restera en place, la Fecafoot ne pourra espérer redresser la barre ; ça c'est connu, et nous nous battrons pour cela. Le président de la République a appelé à des réformes, et le ministre Mouellé s'est exécuté, mais les dirigeants de la Fecafoot s'entêtent dans une voie sans issue. Leur obstination finira par les humilier, et ces icônes que l'on admire aujourd'hui finiront par se cacher, emportées par la vague de désaveu public. L'histoire montre que l'arrogance ne conduit qu'à la chute.
Quant à Roger Milla, il semble avoir oublié qu'en tant qu'ambassadeur, il a un rôle de modérateur et de défenseur des intérêts de l'État. Il est un messager, un représentant qui, par son expérience et sa stature, devrait oeuvrer à l'objectivité. Il connaît le football camerounais, il a travaillé au sein de la Fecafoot, il sait qui est Eto'o Fils, et pourtant, ses commentaires trahissent une mauvaise foi évidente envers Marc Brice qui est venu pour redorer le blazon de notre football qui ne cesse de descendre dans un gouffre amer. Dans les années 84, le ministre Mbombo Njoya avait condamné le mercenariat dans le football camerounais avec des mots clairs.
Parlant de Milla il avait dit que : « le mercenariat n'a pas sa place dans notre football. » Aujourd'hui, ce chauvinisme inversé doit cesser. Si Milla veut échapper à l'examen public, il doit se recentrer sur l'objectivité et se souvenir des critiques qu'il a lui-même essuyées, notamment à l'époque de Pascal Owona. Ce dernier avait déclaré : « Ce Milla est un enfant, nous allons l'aider à grandir. » Malgré ces déboires passés, Milla doit reconnaître qu'il n'est pas irréprochable, et que son attitude d'aujourd'hui montre qu'il n'a jamais été un saint et qu'il ne le sera probablement jamais.