Le trafic de faux médicaments toucherait Madagascar. Des pharmaciens interpellent l'État et les consommateurs.
Danger public. Fidy Rakotozafy, pharmacien, appelle la population à faire attention aux remèdes vendus en dehors des officines. Des « faux » médicaments circuleraient sur les réseaux sociaux et chez des commerçants de produits variés. Il serait difficile de les reconnaître.
Mais il y a, toutefois, des indices qui devraient alerter les consommateurs. À savoir, « l'inexistence d'informations relatives à sa conservation, le fait que son emballage ne semble pas de bonne qualité ou semble avoir été altéré, ainsi que la présence de fautes d'orthographe ou de grammaire sur l'emballage ou la notice ».
Ces médicaments falsifiés sont proposés comme traitement du diabète, de la prostate, de l'impuissance, des reins, entre autres. Mais d'autres classes de médicaments thérapeutiques seraient également touchées. « Il y a des antalgiques vendus au marché d'Analakely », affirme ce pharmacien, hier, dans le cadre de la semaine des métiers de la pharmacie.
Fidy Rakotozafy tire la sonnette d'alarme. « Le faux médicament est au mieux inefficace et au pire mortel. Il peut contenir un produit toxique. Mais, parce qu'il ne soigne jamais convenablement et parce qu'il est fabriqué dans la clandestinité sans aucun contrôle sanitaire, le faux médicament est toujours dangereux », alerte-t-il. En Gambie, un sirop présumé mortel a tué soixante-dix enfants en 2022.
La circulation de médicaments contrefaits à Madagascar est possible, selon l'Ordre national des pharmaciens. «Mais une expertise est nécessaire pour confirmer qu'un tel médicament l'est », note le Dr Tantely Rakotomalala, son président.
Investigations
L'existence de médicaments falsifiés à Madagascar n'est pas encore déclarée officiellement. Mais dans le monde, son trafic prospère. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament sur quatre en circulation dans les pays en développement, dont fait partie Madagascar, est falsifié. Et un patient achetant ses médicaments sur Internet aurait environ une chance sur deux de tomber sur un faux.
« Le ministère de la Santé publique n'est pas responsable de ces médicaments proposés sur les réseaux sociaux. À chaque publication, nous effectuons des investigations. Des plaintes ont été déposées », indique une source auprès du ministère de la Santé publique. Les pharmaciens ont aussi porté plainte, selon Fidy Rakotozafy.
La lutte contre ces faux médicaments s'avère, toutefois, difficile. C'est le plus important trafic du monde, devant la prostitution et la drogue. « Nous encourageons toujours la population à aller dans les centres de santé et dans les pharmacies en cas de maladie. Ce sont les seuls endroits sûrs », ajoute la source auprès du ministère de la Santé publique.