La plateforme Firaisankina avance en ordre dispersé dans la commune urbaine de Mahajanga. Une situation révélatrice d'une lutte de leadership au sein de la coalition d'opposition.
Un risque d'implosion
La guerre intestine qui ronge la plateforme Firaisankina monte en intensité. Un conflit interne révélé au grand jour par la candidature aux municipales de la commune urbaine de Mahajanga. Rivo Rakotovao, chef de file national du parti "Hery vaovao ho an'i Madagasikara" (HVM), une des entités politiques au sein du Firaisankina, est candidat aux municipales à Mahajanga. Il a déposé son dossier de candidature, mardi, comme étant celui qui conduit la liste de la plateforme d'opposition dans la joute électorale pour la conquête de la mairie de la capitale de la région Boeny.
La candidature pour la mairie de Mahajanga de l'ancien chef de l'État est farouchement contestée par le député Christian Afakandro, élu sous les couleurs de la plateforme Firaisankina. Pour le parlementaire, il s'agit d'un "parachutage". Dans une interview à l'issue du dépôt de sa candidature, Rivo Rakotovao a mis en avant le fait qu'il s'agit d'une décision concertée entre les cinq entités qui composent le Firaisankina.
Pour démontrer le fait qu'il est bel et bien le porte-étendard du Firaisankina à Mahajanga, le chef de file national du HVM met en avant la composition de sa liste de conseillers. Outre les Bleus, les partis "Tiako i Madagasikara" (TIM), Tsara Tahafina et "l'Antoko politika madio" (APM) en font partie. Il s'agit donc des quatre entités qui composent le Firaisankina. Le grand absent est, cependant, les Pro-Siteny.
La formation politique conduite par le député Siteny Randrianasoloniaiko a même présenté un candidat, sous sa propre bannière, à la mairie de Mahajanga. Elle a organisé un carnaval à travers la ville pour le dépôt de sa candidature, hier après-midi. Durant l'événement, le député Afakandro est revenu à la charge en affirmant que le mandat du candidat Rakotovao "n'a pas été signé par Siteny Randrianasoloniaiko [co-président du Firaisankina]".
Révélateur
Outre aligner leur propre candidat, les Pro-Siteny ont contesté la légalité de la candidature de la liste conduite par Rivo Rakotovao, par une lettre adressée à l'Organe de vérification et d'enregistrement des candidatures (Ovec) de Mahajanga. L'absence de la signature de Siteny Randrianasoloniaiko sur le mandat du patron du HVM en est le motif. Un mandat qu'a signé Marc Ravalomanana, l'autre co-président du Firaisankina.
Il y a quelques jours, le député Fidèle Razara Piera, dans son émission radiophonique quotidienne, a chargé sans ménagement son homologue de Mahajanga. La réponse de ce dernier a été tout aussi cash, hier. D'autres membres du Firaisankina taclent "l'attitude" du député Randrianasoloniaiko. "Siteny Randrianasoloniaiko a déjà torpillé le mouvement Blanc en décidant de prendre part à la présidentielle. Maintenant, il veut briser le Firaisankina", s'insurgent-ils.
Le clash à Mahajanga est cependant révélateur du malaise au sein de la plateforme d'opposition. Une crispation causée par une lutte de leadership, notamment, entre Marc Ravalomanana et Siteny Randrianasoloniaiko. Tous les deux ayant comme principal objectif la présidence de la République. Pour ne pas être éclipsés par l'autre, les deux personnalités estiment ainsi que le leadership politique dans des circonscriptions qu'ils considèrent comme étant leur fief devrait leur revenir.
Antananarivo ou Antsirabe, par exemple, sont considérées comme les chasses gardées par le patron du TIM. En face, le député Randrianasoloniaiko inscrit Toliara et Mahajanga comme étant parmi ses prés carrés. Toutefois, pour le cas de Mahajanga, les Pro-Siteny contestent la légitimité de la candidature d'un des chefs des entités politiques qui composent le Firaisankina. Aussi, cet épisode pourrait avoir de lourdes conséquences sur l'avenir de cette coalition. D'autant plus que la contestation est virulente avec des arguments comme "les origines ethniques".
