Les procureurs des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont ouvert des enquêtes contre le journaliste et chercheur français Wassim Nasr, l'accusant de faire l'"apologie du terrorisme" à la suite de ses analyses sur les attaques jihadistes dans la région du Sahel.
Wassim Nasr, spécialiste des questions de sécurité et chroniqueur pour France 24, est bien connu pour ses commentaires et analyses sur l'insurrection islamiste qui a débuté au Mali en 2012 avant de s'étendre dans toute la région du Sahel en Afrique de l'Ouest. Dernièrement, il a effectué une analyse détaillée d'une rare attaque jihadiste sur plusieurs sites stratégiques à Bamako, la capitale malienne, le 17 septembre, une analyse reprise par plusieurs médias.
Dans une déclaration commune diffusée sur les télévisions nationales des trois pays mercredi soir, les procureurs des divisions judiciaires spécialisées dans la lutte contre le terrorisme ont accusé Wassim Nasr de tenir des propos assimilables à des "actes flagrants de publicité et de soutien" à l'activité jihadiste. Ces accusations font référence non seulement à l'attaque de Bamako, mais aussi à une attaque survenue en 2023 à Djibo, une ville du Burkina Faso.
L'enquête ouverte contre le journaliste repose sur des accusations de "conspiration criminelle", "complicité dans des actes de terrorisme" et "apologie du terrorisme", selon le communiqué.
Wassim Nasr, qui réside en France, a pour l'instant choisi de ne pas faire de commentaires détaillés sur ces accusations. Cependant, il a réagi via un message sur X (anciennement Twitter), en exprimant une pensée pour ses collègues sahéliens et pour ceux qui "souffrent de l'arbitraire de ces régimes dans leur chair et leur sang".
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, désormais dirigés par des juntes militaires après une série de coups d'État qui ont débuté en 2020, sont au coeur de l'insurrection jihadiste qui déstabilise la région.
Ces régimes ont pris leurs distances avec leurs alliés traditionnels occidentaux, notamment la France, pour se tourner vers la Russie. Ils ont également quitté la Cédéao, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, pour former une alliance tripartite entre eux.
En plus des enquêtes contre Wassim Nasr, ces trois pays ont déjà suspendu plusieurs médias internationaux, dont France 24, en raison de leur couverture jugée partiale des événements liés à l'insurrection dans le Sahel.
L'affaire de Wassim Nasr soulève des questions sur la liberté d'expression et la liberté de la presse dans cette région troublée par les conflits et les changements de régime.