Face à un risque d'explosion sociale, les coupures d'eau et le délestage électrique, devenus inévitables, sont désormais au centre des préoccupations du Gouvernement et de la Jirama.
L'eau et l'électricité deviennent un luxe. Des délestages imprévus, des activités économiques interrompues, des bidons jaunes qui occupent les rues de la capitale, ... illustrent la situation critique de l'approvisionnement en eau et électricité dans la Grande île. Lors du conseil des ministres de cette semaine, le président de la République a donné l'instruction de voir de près la finance de la Jirama, qui devient de plus en plus budgétivore.
De leur côté, les entités concernées directement par cette crise évoquent la gravité des impacts de la sécheresse dans le pays. Lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de la Jirama à Ambohijatovo, le ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, a indiqué les raisons de ces coupures fréquentes. « Nous sommes en pleine période d'étiage, et le Gouvernement suit de près l'évolution de la situation. Il s'agit d'un problème collectif qui impacte directement la population », a-t-il déclaré.
De son côté, le DG de la Jirama, Ron Weiss, a souligné que la sécheresse actuelle affecte sévèrement les niveaux des rivières et des lacs, entraînant une réduction significative de la production d'électricité. « Les infrastructures vieillissantes, combinées aux effets du changement climatique, ne parviennent plus à répondre aux besoins croissants de la population », a-t-il précisé. Les équipements actuels, conçus à une époque où la population était estimée à 1,5 million d'habitants, sont aujourd'hui dépassés par la demande d'une population de 3,5 millions.
Déficit persistant.
Madagascar fait face à un déficit de 30 à 40 MW d'électricité par heure, soit environ 20 à 25 % de la demande quotidienne. En raison de cette insuffisance, la Jirama est contrainte de recourir au délestage, réparti sur des périodes de six heures, pour éviter des coupures prolongées et assurer un certain équilibre, selon les explications. « Nous sommes conscients des plaintes concernant les horaires et les lieux des coupures, et nous nous efforçons d'améliorer l'information à ce sujet », a ajouté Ron Weiss. En parallèle, des tentatives de pluie artificielle ont été effectuées pour remplir les barrages, bien que les conditions météorologiques ne le permettent pas toujours.
Solutions.
Afin de résoudre la crise énergétique de manière durable, plusieurs projets majeurs sont en cours, dont la construction des centrales hydroélectriques de Volobe (120 MW), Sahofika (192 MW), et Ranomafana (64 MW). Le ministère de l'Énergie accélère également le développement de nouvelles centrales solaires de 50 MW, avec un appel d'offres pour un projet solaire de 350 MW.
D'ailleurs, l'État facilite la mise en oeuvre de ces projets, à travers la prise en charge des dédouanements et des stockages des équipements au projet 50MW. Ces initiatives devraient progressivement alléger les pressions sur la production d'électricité, mais pour l'instant, le délestage reste inévitable, selon la Jirama.