La police norvégienne a annoncé le 25 septembre 2024 l'arrestation de Lucas Ayaba Cho, l'un des principaux leaders séparatistes qui revendiquent l'indépendance des deux régions anglophones du Cameroun. Une arrestation pour « incitation à des crimes contre l'humanité », pour des faits criminels qui auraient été commis au Cameroun, selon des sources norvégiennes. Qui est ce Lucas Ayaba Cho et qu'est-ce que son arrestation peut induire dans la crise anglophone ? Premiers éléments de réponse.
Le nom et le visage de Lucas Ayaba Cho se sont imposés à l'opinion publique camerounaise en 2017, au tout début du basculement de la crise anglophone en conflit armée.
Il est alors l'un de ceux qui annoncent la création d'une branche armée dans le conflit, en parallèle aux revendications d'autonomie que formulent plusieurs acteurs de la société civile, issus des régions majoritairement anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.
Le groupe militaire ainsi créé est baptisé Ambazonia defence force (ADF). Ses combattants prennent position dans les forêts s'étirant près de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, d'où ils ne tarderont pas à se signaler par diverses exactions et assauts contre des positions de l'armée régulière.
Lucas Ayaba Cho revendiquera personnellement certaines de ces attaques et apparaît, dès lors, comme l'un des plus radicaux contre toute présence du pouvoir de Yaoundé dans ces régions.
Mercredi, la CRTV, la radio et télévision publique, indiquait que son interpellation pour « incitation à des crimes contre l'humanité » constituait « un bon point dans la coopération judiciaire entre le Cameroun et la Norvège ».
À Bamenda, dans le Nord-Ouest, dont il est originaire, des voix dans la société civile ont aussi salué cette arrestation. Amadou Tarnteh, de l'ONG Conscience Africaine, estime que celle-ci peut participer à réduire les souffrances des populations locales.
Lucas Ayaba Cho peut-il être extradé à Yaoundé comme avant lui Julius Ayuk Tabe, leader séparatiste anglophone, président autoproclamé de l'Ambazonie, condamné à la perpétuité en 2019 ? Rien n'est acquis : le leader séparatiste a depuis acquis la nationalité norvégienne et aucun accord d'extradition n'existe entre les deux pays.