La gestion de la problématique de la migration va devenir "de plus en plus complexe", au point qu'il ne sera plus possible de différencier un migrant économique d'un migrant climatique ou politique, a prédit le sociologue turc Sitki Yildiz, pointant des mutations intervenues dans ce domaine.
"La migration va être une question de plus en plus complexe", du fait de certaines mutations qui feront qu'il ne sera plus possible de "différencier un migrant économique, d'un migrant climatique ou d'un migrant politique", a dit cet universitaire, spécialiste de la sécurité publique et de la criminologie à l'académie de police d'Ankara, la capitale turque.
Sitki Yildiz dont les travaux de recherche portent essentiellement sur la migration et la sécurité des frontières, recevait jeudi des journalistes venus d'Afrique, d'Amérique latine, d'Europe et du Moyen-Orient.
Ces derniers ont entamé lundi, dans la capitale turque, une formation sur les pratiques du journalisme en temps de guerre, à l'initiative de l'agence de presse Anadolu et de l'Agence turque de coopération internationale et de coordination (TIKA).
S'adressant à ses interlocuteurs, le sociologue turc a pointé les mutations liées aux raisons à l'origine des motivations des personnes tentées par l'émigration. Il a notamment fait le lien entre la migration et le trafic d'êtres humains, "forme de criminalité internationale qui connaît la croissance la plus rapide".
La traite d'êtres humains génère "des dizaines de milliards de dollars de profits chaque année" et implique de "vastes réseaux du crime organisé qui profitent grandement de l'exploitation des personnes.
Quelque "3,6 % de la population mondiale, soit près de 281 millions de personnes vivent en dehors de leur pays ou de leur région de naissance", a indiqué le chercheur, en citant un rapport de l'Organisation des Nations unies.
Sitki Yildiz a invité les journalistes travaillant sur les questions relatives à la migration et la problématique des réfugiés à faire preuve de davantage de "précision" dans le choix des mots, insistant notamment sur la nécessité d'éviter l'usage de "concepts pouvant être politiquement controversés ou culturellement sensibles".
"Les histoires sur les réfugiés, la violence sexuelle et sexiste, les enfants soldats [...] sont des histoires qui nécessitent un reportage et une publication minutieux. Toutes les histoires de personnes subissant de tels traumatismes nécessitent une sensibilité particulière", a-t-il souligné.