Burkina Faso: Rentrée scolaire 2024-2025 dans les Hauts-Bassins - Réouverture de 92% des écoles primaires fermées pour raisons de sécurité

26 Septembre 2024

En vacance depuis juin pour certains et juillet pour d'autres, les élèves retrouveront le chemin des classes, le 1er octobre prochain, au Burkina Faso. A quelques jours de ce retour des classes pour l'année scolaire 2024-2025, les acteurs du monde éducatif sont à pied d'oeuvre dans la région des Hauts-Bassins. Une équipe des Editions Sidwaya a rencontré certains d'entre eux pour prendre le pouls des préparatifs.

La rentrée scolaire 2024-2025 avance à grands pas. A moins d'une semaine de la reprise des classes, les différents acteurs dans la région des Hauts-Bassins, mettent les petits plats dans les grands pour la réussite de la rentrée. Le vendredi 13 septembre 2024, au Lycée municipal Sanny-Sanon, l'ambiance est au rendez-vous. Certains élèves ont déjà commencé les cours.

« Nous avons commencé le 2 septembre dernier », nous confie l'élève candidate au Brevet d'études professionnelles (BEP), Kadidjatou Diallo. Comme elle, plusieurs élèves en classe d'examen ont repris le chemin de l'école en attendant la rentrée officielle prévue le 1er octobre prochain. Rasmané Sankara, professeur en structure métallique au Lycée Sanny-Sanon est satisfait du début des cours. « C'est un très bon début pour nous. Les élèves sont très bien motivés, et avec cette détermination, nous pouvons faire de bons résultats », indique-t-il.

Selon le proviseur de l'établissement, Moumini Ouattara, ce début précoce s'explique par le fait qu'il s'agit d'un lycée polyvalent où il y a l'enseignement général et technique. « On anticipe les cours avec les classes d'examens pour gagner en temps », explique-t-il. A l'écouter, la rentrée dans les autres classes se prépare avec sérénité. Sur le terrain, les préparatifs se matérialisent. « Nous nous attelons à la préparation des salles de classe. La peinture des tableaux, la réparation des tables-bancs et l'acquisition d'autres tables-bancs.

La rentrée administrative effective

Aussi, il faut mettre des matériels informatiques au point pour le début effectif de la rentrée pédagogique », fait-il savoir. Par ailleurs, Moumini Ouattara invite ainsi les parents d'élèves à se rendre dans les établissements pour acquérir les bonnes informations.

Selon le directeur régional de l'enseignement post-primaire et secondaire, Armand Frédéric D'Almeida, la préparation de cette rentrée scolaire a commencé depuis la fermeture des classes de l'année écoulée. A l'entendre, pour réussir l'année scolaire, un rapport de l'année écoulée avait été élaboré pour déterminer les capacités d'accueil, surtout dans les classes de 6e et 2de.

Et c'est ce rapport, à ses dires, qui a permis de disponibiliser le plus tôt possible les résultats de l'entrée dans ces différentes classes. « Pendant les vacances, nous nous sommes attelés à faire les affectations au niveau régional et provincial, afin de mettre à la disposition des établissements, les enseignants disponibles pour pallier un peu le problème d'effectif », fait savoir le directeur régional. A l'en croire, le forum régional de l'éducation, tenu les 6 et 7 septembre dernier, à Bobo-Dioulasso, a permis de faire un diagnostic des problèmes du système éducatif dans la région.

« De nombreuses écoles rouvriront progressivement suite à l'amélioration de la situation sécuritaire dans la région des Hauts-Bassins en particulier, et à travers l'ensemble du territoire national, en général », informe M. D'Almeida. Selon ses propos, environ 60% des établissements autrefois fermés pour des raisons de sécurité ont déjà rouvert à l'occasion de cette rentrée scolaire.

« C'est une véritable satisfaction, et nous espérons qu'au cours du mois d'octobre, nous aurons la confirmation que d'autres écoles pourront également rouvrir », souligne-t-il avec insistance. Les réouvertures s'opèrent de manière progressive, nourrissant ainsi l'espoir que d'autres établissements puissent reprendre leurs activités d'ici octobre, ajoute-t-il.

Pour sa part, le directeur régional de l'Enseignement préscolaire, primaire et non formel, Soilliou Karantao, précise que, grâce à l'amélioration de la situation sécuritaire, environ 92% des écoles fermées pour des raisons de sécurité ont rouvert dans la région des Hauts-Bassins. Pour lui, les préparatifs de la rentrée scolaire vont bon train dans les Hauts-Bassins. A l'école centre « C » de la cité de Sya, enseignants, élèves et personnel administratif sont au rendez-vous.

La cour est bondée de monde. Selon le directeur de l'école, Mamoula Dabiré, les préparatifs de la rentrée vont bon train.

« C'est avec confiance et détermination que nous abordons cette rentrée scolaire 2024-2025. Nous sommes déterminés à maintenir le succès de 100% qu'on a eu l'année précédente », souligne-t-il.

Des parents à la recherche de places

A quelques jours de la rentrée, certains parents d'élèves sont toujours confrontés au problème de place pour inscrire leurs enfants. Awa Paré, parente de quatre enfants, exprime son inquiétude quant à l'obtention de places dans les établissements publics. « Je n'ai toujours pas trouvé de la place pour mes enfants et j'aimerais que l'Etat revoie le nombre d'écoles publiques, car elles sont insuffisantes.

Je n'ai pas les moyens d'inscrire mes enfants dans le privé », confie-t-elle. De son côté, Yamba Abdoulaye Kadiogo, père de cinq enfants, relève les difficultés exacerbées par le contexte sécuritaire. « Les temps sont très durs, mais je tiens à féliciter les enseignants pour leur sacrifice », a-t-il indiqué. Quant à Oumar Cissé, également parent d'élève, il met l'accent sur l'importance de l'éducation pour le développement du pays.

« L'éducation est le socle du développement. Nous devons tout mettre en oeuvre pour que nos enfants puissent aller à l'école », affirme-t-il avec conviction.

En termes d'enseignement technique, Roland Zabré, professeur d'électronique numérique et d'automatisme au Lycée municipal Sanny-Sanon, plaide pour avoir des équipements adéquats. « J'appelle les autorités à nous doter du matériel nécessaire pour faciliter les pratiques dans les filières techniques, car la formation technique repose en grande partie sur la pratique. Les élèves doivent avoir accès aux équipements directement à l'école », déclare-t-il.

Une rentrée sur fond de défis

Pour le responsable de l'enseignement post-primaire et secondaire des Hauts-Bassins, Armand Frédéric D'Almeida, plusieurs défis se présentent, notamment la crise sécuritaire, les carences en personnel enseignant et en animateurs de la vie scolaire ainsi que le manque d'infrastructures. Concernant la crise sécuritaire, bien que le nombre d'établissements fermés ait considérablement diminué, elle continue de représenter un obstacle pour le secteur de l'éducation.

Pour pallier le déficit du personnel enseignant, de nouveaux diplômés sont attendus à cet effet, selon M. D'Almeida. « Avec le ministère, nous attendons encore l'arrivée sur le terrain des diplômés des écoles professionnelles afin de pallier ce manque », indique-t-il. La région des Hauts-Bassins, à l'en croire, compte plus d'établissements privés que publics, parlant du déficit d'infrastructures publiques.

« Pour cette rentrée scolaire, nous avons recensé 379 établissements privés contre 271 publics », confie-t-il. Il a saisi l'occasion pour plaider auprès des autorités et des partenaires de l'éducation pour l'augmentation du nombre d'établissements publics ainsi que la construction de nouvelles salles de classe dans certains établissements existants. Son homologue de l'enseignement préscolaire, primaire et non formel abonde dans le même sens.

Parmi les difficultés relevées, il évoque l'inaccessibilité de certaines zones en raison des intempéries. « La CEB de Sindo est complètement isolée par les eaux même si cette situation est temporaire», précise-t-il.

Le directeur régional en charge de l'enseignement primaire a également lancé un appel aux promoteurs d'établissements privés pour qu'ils se conforment à la législation.

« Au lieu de chercher les autorisations après avoir ouvert, il est essentiel que les promoteurs obtiennent d'abord les autorisations nécessaires, comme le stipule la loi », a-t-il insisté.

Tout compte fait, les deux directeurs régionaux ont lancé un appel à une collaboration sincère avec les Forces de défense et de sécurité, afin de surmonter les défis liés à l'insécurité.

 

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