Elimane Haby Kane, président du think tank Legs Africa, dénonce les dysfonctionnements de l'administration financière ayant conduit à de graves manquements dans la gestion des finances publiques. Toutefois, il regrette la réaction précipitée du gouvernement alors que le véritable rapport de la Cour des comptes n'a pas encore été publié.
En réagissant au bilan présenté hier, jeudi 26 septembre, par le gouvernement du Sénégal sur l'état des finances publiques, Haby Kane, président du think tank Leadership, Éthique, Gouvernance et Stratégies pour l'Afrique (Legs Africa), estime que les informations sont à la fois importantes et extrêmement préoccupantes. Elles révèlent en effet que notre « administration financière n'a pas fonctionné correctement au cours des cinq dernières années, avec des falsifications de données visant probablement à dissimuler la réalité, notamment en ce qui concerne les indicateurs relatifs aux critères de convergence de l'UEMOA, sur la base desquels interviennent nos partenaires techniques et financiers », déplore Elimane Haby Kane.
Il précise qu'il s'agissait de masquer la véritable ampleur de l'endettement, qui dépasse largement les 70 % recommandés par l'UEMOA, pour atteindre 83,7 %, ainsi que le déficit budgétaire, qui s'élève à 10 %, entre autres irrégularités. Face à la gravité de ces accusations, il dénonce l'absence de source légale. Selon lui, la seule source légale est le rapport que la Cour des comptes doit produire sur cette situation de référence. Cependant, ce rapport ne peut être publié qu'après avoir été certifié par ladite Cour. Ce qui le conduit à affirmer : « Nous attendons le véritable rapport de la Cour des comptes, lequel devrait être publié au plus tard six mois après l'accession du président de la République au pouvoir. »
Il ajoute : « Il est donc légitime de s'interroger sur l'opportunité de cette communication du gouvernement, alors que le rapport de la Cour des comptes n'a pas encore été rendu public. Cela rappelle l'importance de conduire les activités de reddition des comptes sur des bases strictement juridiques, en évitant toute dérive politicienne. »
M. Kane poursuit en ces termes : « Par le passé, en 1980 précisément, l'ancien président de la République Abdou Diouf avait mis en place la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une institution qui s'est révélée inefficace. Le président Abdoulaye Wade, quant à lui, avait commandité des audits, qui, au final, n'ont servi qu'à favoriser la transhumance de certains prédateurs. Lors de son accession au pouvoir, Macky Sall a réactivé cette juridiction et créé l'OFNAC, qui n'a pas eu l'impact escompté. » Elimane Kane conclura en insistant sur l'importance « d'éviter de retomber dans les mêmes travers ».