« La police représente l'institution la plus corrompue du Kenya », c'est la conclusion livrée par l'ancien ministre kényan de la Justice, David Maraga. En novembre 2023, il avait remis au président William Ruto un rapport sur l'état des services de police kényans. Ce document a fuité, cette semaine, dans la presse locale et ses révélations sont accablantes.
En 2022, la Commission de lutte anti-corruption saisit des biens d'une valeur de 27 millions de shillings, soit près de 190 000 euros. Leur propriétaire, l'inspecteur général Gabriel Mulei, les a accumulés en trois ans, alors qu'il était agent de la circulation dans le comté de Kiambu, au nord de Nairobi. Son salaire ne s'élevait pourtant qu'à 20 000 shillings par mois, soit environ 140 euros.
Des histoires comme celle-là, le rapport de David Maraga en regorge. L'ancien ministre de la Justice pointe du doigt le service de la circulation comme le plus corrompu de la police. Des pots-de-vin demandés aux automobilistes, jusqu'à la participation active au trafic de marchandises illicites.
C'est tout un système d'extorsion que le rapport met au jour et qui profite jusqu'aux plus hauts gradés, « chaque officier ayant droit à sa part », explique le rapport.
C'est aux racines mêmes de la police que s'immisce la corruption, selon David Maraga. « Favoritisme, clientélisme et népotisme » régissent les recrutements qui bénéficient surtout à des proches de parlementaires. D'après le rapport, certains auraient déboursé jusqu'à 600 000 shillings, soit plus de 4 000 euros, pour intégrer les rangs de la police.
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