En Tunisie, le projet d'amendement de la loi électorale a été adopté vendredi 27 septembre. Alors que la présidentielle aura lieu dimanche 6 octobre, les députés ont modifié in extremis une disposition permettant au Tribunal administratif d'invalider le scrutin. Alors que le Tribunal administratif avait autorisé trois candidats supplémentaires, l'instance chargée d'organiser le vote ne s'est pas pliée à cette décision. Un risque persistait que le scrutin soit invalidé à posteriori.
Les parlementaires ont voulu éviter un risque d'invalidation du scrutin à posteriori, au grand dam de certains militants des droits de l'Homme et opposants. Ces derniers, en manifestation, ont aussitôt souhaité protester contre cet amendement de la loi électorale. Routes coupées, détours... ils ont peiné à approcher de l'Assemblée tunisienne.
À l'intérieur de l'hémicycle, la présentation du texte et les débats ont duré toute la journée. Couronné par un vote - 116 voix pour, 8 abstentions et 12 votes contre - le texte est passé.
Youssef Tarchoune, à l'initiative du texte avec 33 autres députés, estime qu'il en allait de la responsabilité de l'Assemblée de limiter les prérogatives du tribunal administratif : « Notre objectif, c'est la patrie. Nous ne défendons pas un candidat comme cela a pu être dit. Ce n'est pas vrai. Quand des institutions de l'État que nous respectons, que nous voulons sauvegarder ainsi que leur indépendance, deviennent des outils aux mains de mouvements politiques pour atteindre leur but, l'Assemblée du peuple doit réagir. »
De leur côté, certains opposants au texte ont bien tenté de faire entendre leur voix. À l'image du député Bilel El Mechri qui, pour motiver son refus, a diffusé en pleine Assemblée un enregistrement du président tunisien Kaïs Saïed datant de 2019.
« Voilà, je vais vous faire entendre ma position en quelques mots », souligne Bilel El Mechri avant de diffuser l'enregistrement du président tunisien : « Pour ce qui est de la loi électorale, chaque projet de changement de la loi électorale doit passer au crible d'un referendum populaire. C'est au dépositaire de la souveraineté de donner son avis là-dessus et non pas à ses représentants au sein de l'Assemblée. »
Avec plusieurs candidats interdits de concourir et l'impossibilité faite au Tribunal administratif de jouer son rôle d'arbitre, la présidentielle tunisienne semble plus verrouillée que jamais.
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