Cote d'Ivoire: Les communautés libanaise et chiite inquiètes après la mort de Hassan Nasrallah

Sayyid Hassan Nasrallah - Wikimedia Commons

La mort d'Hassan Nasrallah continue de faire réagir dans le monde. Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah a été tué après un bombardement vendredi 27 septembre de l'armée israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement. En Côte d'Ivoire, qui abrite la communauté chiite la plus importante d'Afrique, celle-ci est endeuillée.

En Côte d'Ivoire, le deuil se ressent particulièrement dans le quartier de Marcory Résidentiel. C'est là que se dressent les deux minarets et le dôme cuivré de la mosquée chiite Al-Mahdi, construite par l'association culturelle chiite Al Ghadir. D'habitude, le bâtiment est animé, mais ce samedi 28 septembre, dans l'après-midi, les portes sont closes. La mort de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, en est la raison, d'après les gardiens.

Seuls quelques adolescents acceptent de l'évoquer, comme Mehdi, qui a grandi en Côte d'Ivoire. « Je suis triste. Toute la famille est triste. Cela a nous fait du mal, parce que c'est grâce à lui que le Liban a été libéré en 2006 », se livre-t-il. Une mention qui témoigne de l'importance de la figure chiite libanaise, car Mehdi et ses amis n'étaient pas nés en 2006.

« Cela a touché beaucoup de gens »

Dans les cafés à chicha du coin, leurs aînés, barbus, tatoués, refusent de parler. D'autres commerces sont restés fermés après le décès du chef du Hezbollah, ce qui n'est rien de surprenant, selon ce chef d'entreprise : « La plupart de mes amis ne sont pas partis au travail aujourd'hui, totalement à cause de cette histoire. C'est trop choquant. Cela a touché beaucoup de gens », explique-t-il.

La mosquée finit par ouvrir ses grilles pour la prière du soir, où certains fidèles émus se prennent dans les bras. Hors micro, les plus anciens s'inquiètent pour leurs familles lointaines qui ont dû fuir les bombardements au Sud-Liban.

Inquiétude pour les proches au Liban

Rami*, patron d'une agence de voyage, ne cache pas sa crainte. « Il y a beaucoup de morts, beaucoup de destruction. J'ai très peur pour mes proches à Beyrouth », confie-t-il. Même inquiétude du côté de Moustapha Chaalan, l'imam de la mosquée Al-Mahdi. « Mon père a 74 ans, il a fui Tyr pour rejoindre les montagnes autour de Tripoli, avec toute la famille. Cela ne fait que 150 kilomètres de route, mais ils ont mis 22 heures avec toutes les autres personnes qui fuient les bombardements », glisse Moustapha. Le religieux et son frère vivent tous les deux à Abidjan, loin de leur pays d'origine.

De quoi nourrir un sentiment d'impuissance, partagé par le jeune Mehdi. « Nous n'avons que des nouvelles par WhatsApp, nous savons ce qu'il se passe. Mais d'ici, nous ne pouvons rien faire pour eux », regrette-t-il.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), au moins 115 000 Libanais ont rejoint les abris pour personnes déplacées depuis l'intensification des frappes israéliennes contre le Hezbollah.

* Le prénom a été modifié

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