Afrique: Elimination du chef du Hezbollah par Israël - Quelles conséquences pour le continent?

Sayyid Hassan Nasrallah - Wikimedia Commons
29 Septembre 2024
analyse

La nouvelle a fait l'effet d'un tsunami dans le monde arabe et bien au-delà. Hassan Nassaralah, le chef du Hezbollah libanais, a péri sous les bombes de l'armée israélienne, le samedi 28 septembre 2024, qui depuis, une semaine mène des attaques sur le sol du Liban.

L'Afrique, bien qu'éloignée du théâtre des opérations, n'est pas restée en marge de l'onde de choc de ce qui pourrait dans tous les sens, constituer un tournant historique dans l'affrontement meurtrier entre l'Etat hébreu et les organisations palestiniennes et pro-palestiniennes. Officiellement, les réactions sont encore timides sur le continent.

Pour l'instant, seule l'Afrique du Sud, fidèle à sa position contre Israël qu'elle poursuit devant les juridictions internationales pour génocide contre le peuple palestinien, a donné de la voix. En effet, dans un communiqué, le gouvernement de la nation arc-en-ciel a exprimé sa profonde préoccupation suite à ce qu'il qualifie « d'assassinat tragique » et également déploré les séries d'attaques menées sur le sol libanais par Tsahal.

On redoute l'arrivée prochaine au Liban, de milliers de gardiens de la révolution iranienne pour la poursuite des affrontements

Il ne fait l'ombre d'aucun doute que cette réaction sud-africaine entraînera, dans les jours à venir, d'autres réactions sur le continent qui, on le sait, est traditionnellement acquis à la cause de la lutte palestinienne. Mais en attendant les réactions officielles, la mort du leader chiite a entraîné, à la base, c'est-à-dire au sein des populations africaines, des réactions qui pourraient aussi prendre de l'ampleur dans les jours à venir.

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C'est par exemple le cas en Côte d'Ivoire qui abrite la communauté libanaise et chiite la plus importante d'Afrique. En effet, de nombreux commerces sont restés fermés et les inquiétudes sont bien perceptibles sur les visages. Il faut dire, en effet, qu'en plus des liens de sol avec la mère patrie, Nassaralah était un leader religieux charismatique dont le prosélytisme a permis la construction en Afrique, de nombreuses mosquées et c'est certainement l'une des causes de l'émoi suscité sur le continent par sa tragique disparition.

Cela dit, la question que tout le monde se pose, après ces évènements tragiques du week-end, est la suivante : quelles seront les conséquences de l'élimination physique du leader chiite ? Même s'il est encore trop tôt pour dire de quoi sera fait demain, point n'est besoin d'être rompu aux questions internationales pour deviner que l'on s'achemine vers une conflagration des Proche et Moyen-Orients avec des conséquences qui pourraient aller largement au-delà de ces parties tourmentées du monde.

Les signes précurseurs sont, en tout cas, déjà largement perceptibles. Les spécialistes de la zone sont d'ailleurs, on ne peut plus clair, sur la question : ni les 150 000 missiles et roquettes dont dispose le Hezbollah ni les dizaines de milliers de ses combattants n'ont disparu du fait de l'élimination de Nassaralah. Il faut aussi et surtout compter avec le soutien de l'Iran.

Le terrorisme international se nourrit de la sève du conflit israélo-palestinien

« La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Qods (Jérusalem), si Dieu le veut », a laissé entendre le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. L'on redoute d'ailleurs l'arrivée prochaine au Liban, de milliers de gardiens de la révolution iranienne pour la poursuite des affrontements.

Mais au-delà de la zone de guerre, il faut craindre que de partout dans le monde, et particulièrement sur le continent africain, l'on ne s'en prenne aux intérêts des USA qui sont les alliés indéfectibles de l'Etat hébreu et qui ont salué l'élimination du chef du Hezbollah comme « une mesure de justice ». L'on pourrait donc assister encore à une vague d'attentats contre les représentations et les multinationales américaines en Afrique qui n'en a pas besoin en ce moment en raison même déjà des assauts que subissent les Etats de la bande sahélo-saharienne de la part des Groupes armés terroristes (GAT).

Car, il n'est un secret pour personne que le terrorisme international se nourrit de la sève du conflit israélo-palestinien. L'autre conséquence et pas la moindre, est que l'inévitable circulation des armes qu'occasionnerait une conflagration des Proche et Moyen-Orients, ne vienne alimenter la guerre qui se mène dans le Sahel.

L'on sait déjà que la guerre en Ukraine a de sérieuses répercussions en la matière dans la région et l'on peut redouter que la situation n'empire en raison de la plus grande proximité géographique et humaine entre les deux foyers incandescents. Face à tous ces risques, l'on ne peut qu'appeler, une fois de plus, la Communauté internationale à écouter la voix de l'Afrique du Sud qui appelle à opérer toutes les pressions internationales pour contraindre Israël non seulement à un cessez-le-feu dans le génocide qu'il opère contre le peuple palestinien, mais aussi à respecter toutes les lois internationales.

Et la première loi internationale en la matière, est la résolution 181 des Nations unies qui recommande un plan de partage de l'ancienne Palestine autrefois sous mandat international et la création de deux Etats : l'Etat d'Israël et l'Etat arabe palestinien avec un statut spécial pour la ville de Jérusalem.

Et ce que l'on peut donc espérer du continent est que pour une fois, il fasse bloc autour du pays de Nelson Mandela pour faire entendre sa position qui, au-delà de la posture idéologique et historique, a un intérêt vital pour une Afrique qui pourrait enregistrer d'inévitables graves répercussions en cas de métastase du cancer israélo-palestinien.

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