La plupart des citoyens considèrent la santé comme une priorité absolue. Ce classement dans l'échelle des valeurs est lié au fait que tout individu doit jouir de toutes ses facultés physiques et mentales, afin de pouvoir bien vivre et exercer une activité professionnelle.
Tout le monde doit avoir les mêmes chances de conserver et de rétablir sa santé. Or, ce but n'est pas totalement atteint dans toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan où les 136 centres de soins de santé de base, l'hôpital Ibn El Jazzar, l'Unité chirurgicale «Les Aghlabides» et les hôpitaux de circonscription souffrent de beaucoup de carences, du manque de praticiens, d'équipements et de spécialistes.
Une santé à deux vitesses
En outre, le matériel existant est souvent en panne, sans oublier les lavabos cassés et les toilettes repoussantes. Notons que la plupart des dispensaires ne reçoivent les patients que deux fois par semaine, en présence d'un médecin de la santé publique. Le reste de la semaine, seul un infirmier contrôle le taux de glycémie, la tension et prodigue quelques soins pour les blessures légères.
Les après-midi et pendant la nuit, il n'y a presque rien, tous sont fermés. En cas d'accidents, d'accouchements prématurés, de fortes fièvres ou de piqûres de scorpion ou de morsures d'animaux, beaucoup de villageois se trouvent contraints de louer des camionnettes pour leur transfert vers les hôpitaux de circonscription. Ceci étant, beaucoup ont accouché dans des véhicules vétustes, alors que d'autres ont perdu la vie en cours de route.
Par ailleurs, l'hôpital Ibn El Jazzar et l'Unité chirurgicale «Les Aghlabides» enregistrent une grande affluence des quatre coins de Kairouan, mais aussi de Mahdia (Aouled Chamekh, Souassi, Hbira), Zaghouan (Ennadhour), Siliana (Kessra), Gafsa, Kasserine et même de Sousse (Sidi El Hani, très proche de Kairouan-ville). D'ailleurs, les services d'urgence reçoivent en moyenne 200 patients par jour.
«Les Aghlabides», quant à elle, ne dispose même pas d'un scanner, alors que la plupart des accidentés nécessitent des examens approfondis et les chirurgiens demandent leur transfert à l'hôpital Ibn El Jazzar, situé à 3 km pour y subir un scanner avant leur retour au service de chirurgie. Evidemment, cela fait perdre beaucoup de temps et de vies humaines. A part cela, beaucoup de patients devant subir des opérations très délicates sont transférés vers les établissements hospitaliers de Sousse, Sfax, Monastir et Tunis.
C'est pour toutes ces raisons et face à beaucoup de défaillances du secteur de la santé trop archaïque, que les Kairouanais ont accueilli avec beaucoup de satisfaction le projet de construction de l'hôpital du Roi Salman Ibn Abdelaziz, en guise de don fourni par le Royaume d'Arabie saoudite, depuis 2017. Malheureusement, pour des causes inexplicables et les pressions de certains lobbys qui voudraient que la cité aghlabide demeure marginalisée et dépendante des villes côtières, rien n'a été fait pendant plusieurs années.
D'où la colère des citoyens déçus, leur sit-in de revendication mensuel et la création de la coordination «Winou Essbitar» qui organise très souvent des rassemblements pacifiques pour protester contre la lenteur des études faites et refaites maintes fois et contre ceux qui mettent les bâtons dans les roues, afin d'empêcher le passage à l'action qui nuirait à leurs propres intérêts.
Notons, dans ce contexte, que le chef de l'Etat Kaïs Saïed a évoqué, à plusieurs reprises, les projets nationaux en suspens, depuis des années et a promis qu'ils seront exécutés. Parmi ces différents projets, il y a celui de l'hôpital universitaire du Roi Salman Ibn Abdelaziz, dont il a déploré le fait que le prétexte des aspects techniques et des études ne justifie pas autant de reports. En outre, il a présidé plusieurs séances de travail pour déterminer les causes qui empêchent le lancement des travaux de construction de cet important projet.
Les bonnes choses arrivent...
Jeudi 5 septembre 2024 est une journée historique pour les Kairouanais et pour les citoyens des gouvernorats limitrophes puisque Mustapha Ferjani, ministre de la Santé, et l'ambassadeur d'Arabie saoudite en Tunisie, Abdelaziz Ben Ali Al Saqr, ont annoncé que les travaux de construction de cet hôpital universitaire débuteront la semaine d'après, et ce, en vertu des conventions bilatérales signées à cet effet, en présence de Bander Al Obaid, représentant du Fonds saoudien pour le développement.
Rappelons que si la subvention initiale était de 85 millions de dollars, le coût actualisé du projet s'élève, désormais, à 144 millions de dollars. Notons que ce CHU à la pointe de la technologie s'étend sur 69 ha avec une capacité initiale de 500 lits et comprend 13 salles d'opération ultra-sophistiquées, des services de diagnostic répartis sur 3 tours, des unités de soins intensifs connectées, outre les équipements d'imagerie médicale et de radiothérapie.
Il va sans dire que cet hôpital attirera les spécialistes tunisiens et étrangers et rapprochera les prestations de santé des malades qui ne seront plus obligés de dépenser beaucoup d'argent pour bénéficier de traitements adéquats dans d'autres régions mieux nanties.
Témoignages
Juste après la fin du journal télévisé de 20h00 sur El Watania 1 où on a évoqué la signature du contrat du lancement des travaux du CHU Roi Salman, en ce 5 septembre, beaucoup de citoyens se sont rassemblés au centre-ville, en face des cafés, pour exprimer leur soulagement, en apprenant la fin du feuilleton des reports. Tout le monde se félicitait et les commentaires fusaient de toutes parts, gagnant les pages des réseaux sociaux.
Mohamed Fadhel Khribi, 39 ans, enseignant, ne tarit pas d'éloges : «Pour moi qui vis dans un gouvernorat comme celui de Kairouan, appauvri et qui souffre de précarité, d'une infrastructure défaillante, d'un faible taux de scolarisation et d'un accès difficile aux soins, la signature des contrats de réalisation de ce CHU m'a fait l'effet d'un beau rêve dont je ne souhaite pas la fin, rêvé par quelqu'un d'autre...». Son ami Bilel Hamdi, 38 ans, plombier, renchérit : «Demain sera un autre jour, exit les lobbystes. Maintenant, je ne pense qu'à cet hôpital à la pointe de la technologie qui désengorgera les hôpitaux régionaux et offrira des soins accessibles aux populations souffrant de difficultés socio-économiques...».
A travers la diversité des commentaires, la voix des adultes et des vieux, une joie indicible flottant dans la cité aghlabide où le bleu fluorescent des enseignes au néon a redonné vie à une cité longtemps marginalisée...
Une cité médicale à Kairouan... Pourquoi pas ?
Dans une interview accordée à la chaîne Watania 1, le 2 février 2020, le Président Kaïs Saïed a annoncé qu'il envisage la création d'un grand pôle médical à Kairouan qui devrait s'étendre sur 300 ha et qui comprendra plusieurs hôpitaux dans diverses spécialités, des complexes résidentiels consacrés aux cadres médicaux, un complexe culturel et touristique, des écoles, des jardins d'enfants, des espaces commerciaux et des institutions universitaires.
En outre, le Chef de l'Etat a précisé que cet important projet, qui lui tient à cœur et dont il a parlé avec de hautes personnalités étrangères, permettra d'assurer des services sanitaires adéquats aux habitants des gouvernorats du Centre-Ouest, du Sud, ainsi qu'aux touristes algériens et libyens. Et depuis, c'est l'attente d'investisseurs capables de financer ce méga-projet.
D'ailleurs, lors de la réunion du conseil de sécurité nationale, tenue le 25 septembre 2023, Saïed a annoncé l'examen de certains dossiers touchant à la sécurité générale du pays, tout en évoquant d'autres points dont la cité médicale les Aghlabides, en révélant qu'une partie en Tunisie avait prié un pays étranger de ne pas financer ce grand projet qui verra le jour.
Puis vint le 17 septembre...
Face à ces comportements de lobbystes peu soucieux de l'intérêt national, le Président Kaïes Saïed a poursuivi ses efforts diplomatiques, afin de réaliser le rêve de milliers de citoyens désireux de vivre dans une région moderne avec toutes les commodités nécessaires, tout en évoquant à plusieurs reprises la corruption des lobbys qui voient dans la réalisation de ce genre de projet une menace à leur propre intérêt.
Notons dans ce contexte que le Chef de l'Etat a examiné le 17 septembre 2024, lors de l'audience accordée à M. Kamel Maddouri, chef du gouvernement, une série de projets de textes relatifs à plusieurs grands projets, dont notamment le décret portant création de la Cité médicale les Aghlabides définissant son organisation administrative et financière, ainsi que ses modes de gestion dans le sens où un protocole d'accord a été signé à cet effet avec la République populaire de Chine.
Enfin, un autre déblocage salutaire !
Et le 18 septembre 2024, l'ambassadeur de la République populaire de Chine en Tunisie, Wang Li, a déclaré lors de son passage dans une émission sur la Radio nationale que son pays a présenté des avant-projets, d'études de faisabilité concernant les grands projets, y compris celui de la cité médicale les Aghlabides qui constitue la première étape pour avancer dans la réalisation de ce méga-projet.