Des chercheurs ont publié le 25 septembre 2024 dans la revue britannique Antiquity le fruit de leur travail multidisciplinaire sur Oued Beht, plus vaste et plus ancien complexe agricole jamais identifié en Afrique, en dehors de la Vallée du Nil. Ce site exceptionnel et colossal date d'il y a 5 000 ans, alors que les habitudes de cette région à cette période étaient jusqu'ici complètement méconnues.
Au Maroc, des archéologues ont fait une découverte majeure : le plus vaste et le plus ancien complexe agricole jamais identifié en Afrique, en dehors de la Vallée du Nil. Situé à 100 kilomètres à l'est de Rabat, le site a 5 000 ans et donne un éclairage nouveau sur la préhistoire dans la région, une période largement méconnue en Afrique du Nord-Ouest.
Village agricole du Néolithique, Oued Beht est une fenêtre sur le passé de cette région. Le site archéologique témoigne du degré de complexité qu'elle avait atteint à l'époque.
« Une société qui a pratiqué l'agriculture intensive »
L'archéologue Youssef Bokbot fait partie de l'équipe internationale et multidisciplinaire de recherches à qui l'on doit cette découverte : « C'est un site qui a livré des milliers de haches polies, des dizaines de centaines de meules qui ont servi à moudre le grain et surtout la céramique peinte d'une qualité et d'une finesse extraordinaire, avec un décor polychrome jamais découvert en Afrique du Nord. »
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Accepter Gérer mes choix Un site de 10 hectares : une superficie colossale pour l'époque, où une société humaine encore inconnue a laissé des traces. « À côté de ça, puisqu'il s'agit d'une société agricole qui a pratiqué l'agriculture intensive, il y a des centaines, voire même des milliers, de silos pour emmagasiner les graines », décrypte Youssef Bokbot.
« Des contacts très réguliers avec la péninsule ibérique »
Cette découverte confirme le rôle crucial joué par le Maghreb dans l'évolution des sociétés en Méditerranée et en Afrique du Nord. Youssef Bokbot ajoute : « La portée de ces découvertes va, bien sûr, au-delà des frontières marocaines. On a des connexions où les gens ont des contacts très rapprochés, très réguliers, avec la péninsule ibérique. À cette époque-là, il y avait déjà un commerce établi. »
Les résultats de ces recherches ont été publiés cet été dans la revue Antiquity. L'article est en accès libre.