Petrusmok, la librairie de l'hôtel d'affaires a rouvert officiellement après une rénovation. Ludovic Lagesse parle du goût pour les arts qui est dans l'ADN du groupe hôtelier.
Pourquoi fallait-il rénover Petrusmok, la librairie du «Hennessy Park Hotel», qui existe depuis 2015 ?
Petrusmok s'est retrouvée dans un emplacement qui était au milieu du restaurant. Nous voulions remettre en valeur la librairie, proposer un endroit plus tranquille, plus propice à la lecture, à la découverte des auteurs mauriciens. La librairie est maintenant plus grande, avec une sélection de 400 auteurs mauriciens.
Qui fréquente cette librairie ?
N'importe qui. Nous avons des clients extérieurs, des habitués. Des personnes qui, pour des occasions spéciales, des anniversaires, achètent des livres pour les offrir. Ou alors, si ces personnes ne viennent pas aux nombreux lancements de livres que nous organisons dans l'année, elles savent qu'elles vont retrouver ces ouvrages chez Petrusmok. Chez nous, vous ne trouverez ni Hemingway, ni Verlaine, ni Voltaire. Petrusmok se consacre uniquement aux auteurs mauriciens. Nous avons voulu créer une plateforme d'expression pour eux.
C'est vraiment dans l'ADN du groupe Ninety-Six Hotel Collection en général et du Hennessy Park Hotel en particulier d'avoir un espace dédié aux auteurs connus et moins connus. C'est souvent très compliqué pour eux de trouver une plateforme de lancement. Nous remplissons un vide dans le paysage culturel mauricien. Nous avons lancé plus de 240 livres. Petrusmok et la soirée de lancement crée un happening autour de ces textes qui sont autant économiques que littéraires, qui parlent de la découverte de Maurice, de la faune et de la flore. C'est pour un public de 0 à 100 ans.
Comment le comité éditorial choisit-il les livres qui sont lancés au «Hennessy Park Hotel» ?
Nous faisons attention aux manuscrits que nous lançons. Nous ne souhaitons heurter aucune sensibilité. Nous laissons le soin à Finlay Salesse, journaliste, et Alain Gordon-Gentil, journaliste et auteur, de nous accompagner. Nous n'avons pas refusé de manuscrits jusqu'à l'heure. Quand un livre a le pouvoir d'éduquer et de partager, il est naturellement le bienvenu.
«Résister», le livre d'entretiens avec l'ex-Directeur des poursuites publiques (DPP), Satyajit Boolell, paru chez Pamplemousses Éditions, avait fait salle archicomble le 15 mars. C'est le temps fort de tous vos lancements ?
Cette année-ci, oui. C'est la première fois qu'un ex-DPP parle. Ce livre est extraordinaire : il raconte la saga d'un moment difficile de la carrière de Satyajit Boolell. Ce livre a aussi un pouvoir extraordinaire : il vient éduquer sur la Constitution et comment marche le bureau du DPP. Au-delà du côté peut-être un peu sensationnel de ce livre, il a une vraie fonction.
C'est votre best-seller ?
Oui, c'est le titre que nous avons le plus vendu cette année, de par la nature du livre et la personnalité qui y parle. Je tiens à rappeler que le groupe Ninety-Six Hotel Collection a une position apolitique. C'était l'ex-DPP qui parlait, au même titre que quelqu'un d'autre. Un best-seller à Maurice c'est un livre vendu à plus de 300 exemplaires. Résister a été tiré à environ 1 000 exemplaires, c'est important pour un livre mauricien.
L'objectif de départ de Petrusmok était de devenir un lieu de référence de la littérature mauricienne. L'est-il devenu après neuf ans d'existence ?
Ce n'est pas une prétention, mais aujourd'hui, beaucoup de nouveaux auteurs qui se lancent dans l'aventure qu'est l'écriture ont le réflexe d'appeler le Hennessy Park Hotel. Nous sommes très honorés de les accompagner pendant ce petit moment qu'est le lancement du livre. Le plus gros du travail vient d'eux. Nous proposons aussi des rééditions, sans qu'il y ait forcément de soirée de lancement.
L'accompagnement, c'est une prise en charge totale du lancement des livres par le «Hennessy Park Hotel» ?
La soirée de lancement est offerte aux auteurs. Le petit cocktail n'est pas facturé (NdlR, il n'a pas souhaité citer de chiffres). Cela participe à la beauté du lancement, où nous retrouvons les habitués qui assistent à quasiment tous les lancements et la famille de l'auteur. Pour les nouveaux auteurs, c'est une forme de reconnaissance.
L'hôtel accueille les lancements de livre, la formule dîner-conférence autour d'un auteur. Y a-t-il d'autres rendez-vous à venir ?
La culture au Hennessy Park Hotel a diverses formes. Il y a toute la partie littéraire mais aussi celle consacrée à la peinture. Nous faisons tourner des expositions de jeunes talents et d'artistes connus. En partenariat avec Charlie d'Hotman de la galerie Imaaya, nous mettrons un artiste en valeur tous les trois mois. Il pourra vendre ses oeuvres. Organiser quatre expos par an, ce sera déjà pas mal.
Qu'est-ce que la culture apporte à un hôtel d'affaires ?
C'est essentiel. Un hôtel d'affaires qui porte à bras-le-corps un petit morceau de la culture mauricienne, cela donne un sens à tout ce que nous faisons. Et si un livre ou un tableau donne le goût de notre terre créole aux hommes d'affaires qui sont là, nous aurons réussi notre pari.