Madagascar: Aimé Rasombiniaina - Gendarme retraité, historien/chercheur indépendant - « La présence des lignées du peuple Kimosy dans la région de Mésopotamie à l'âge du cuivre »

interview

Les recherches d'Aimé Rasombiniaina à partir de compilations de recherche génétique et ses propres recherches sur le terrain tendent à apporter une hypothèse de l'unicité génétique du peuple malgache. Il a accordé quelques questions à Midi Madagasikara.

 Vos recherches sur les « Kimosy » est devenu votre cheval de bataille, dans le contexte d'un énième nouvel an malgache sera célébré ce mois d'octobre, d'autant qu'à partir de vos recherches, vous soutenez un « commun génétique » du peuple malgache. Vous vous basez sur le fameux gène R1a-SRY10891.2, qu'en est-il vraiment ?

Grâce à la découverte d'un gène de lignage paternel nommé R1a-SRY10891.2 dans la fameuse étude génétique de Razafindrazaka et son équipe, j'ai pu démontrer que les Antemoro/Anakara qui se réclament l'ascendance juive, appartiennent bel et bien au fameux gène R1a1-M17.

Le descendant du gène R1a-SRY10831.2 qui est retrouvé chez les Mikea, les andriana Merina et les Vezo. Le peuple Kimosy appartenant aussi au R1a-SRY10831.2, les généticiens européens ont déclaré que les européens de type caucasien appartiennent au R1a1-M17. Selon mes recherches, les Juifs ashkénazes de l'Europe de l'est et les Antemoro/Anakara partagent le même gène R1a1-M17.

Ceci confirme bien qu'ils sont d'ascendance juive. En conséquence, mon hypothèse selon laquelle les Juifs seraient les descendants du peuple Kimosy est bel et bien marquée par la présence de ce lignage paternel dans leurs gènes.

 Pouvez-vous situer sur l'échelle du temps la période de ces mutations génétiques et « déplacements humains » ?

La période dite « Pléistocène supérieur » où les populations auraient pu se déplacer entre les terres émergées lors de la dernière glaciation. Le Pléistocène supérieur a débuté il y a environ 126 000 ± 5 000 ans et s'est achevé il y a environ 11 700 ans.

 Les gènes les plus anciens, le « gène potentiel », semblent se trouver chez les Malgaches. Pourtant, le grand continent est si proche. Le R1a-SRY10831.2 peut-il expliquer la relation entre l'Afrique et Madagascar ?

Revenons à l'étude de Razafindrazaka et ses collègues, car ils ont déclaré que le proche parent du gène R1a-SRY10831.2 est le gène K(M9) qui a été également retrouvé chez les Malgaches. Selon la chercheuse américaine Tatiana Karafet, K(M9) est l'une des branches du gène ancestral CT. Il est important de signaler que K(M9) est le gène le plus courant de lignées masculines en dehors de l'Afrique, ce qui confirmerait son origine à Madagascar.

Ses variantes, les lignages paternels K1, K2, K3 et K4 sont présents à une faible fréquence dans les populations en Asie du sud, archipel malais, Océanie et Australie. Le généticien Denis Pierron a révélé la présence du gène P(P-P295) connu sous le nom de K2b2 qui est l'une des branches du K(M9) chez la population de Madagascar.

Cependant, P(P-P295) est le parent direct du gène R1a-SRY10831.2 et de son frère R1b1-P25 défini par la mutation YAP+. R1b-V88, selon Razafindrazaka, est présent en Afrique Occidentale et en Afrique du Sud, ce qui confirme également la migration du peuple Kimosy dans le continent africain. Selon les généticiens européens, le gène P contient les ancêtres des Européens et des Amérindiens et ceci m'amène à conclure que ces deux peuples partagent le même parent : les Kimosy.

Récemment, il y a eu une découverte impliquant les traces perses dans le sud de Madagascar...

Le gène R1a-SRY10831.2, sa branche qui partage avec lui la même mutation est le R1a1*- SRY10831.2 qui est observé chez les Iraniens - perses anciens. Cette preuve génétique est très intéressante, elle justifie la présence des lignées du peuple Kimosy dans la région de Mésopotamie à l'âge du cuivre. Sur le plan historique, les Perses sont parmi les descendants du Sem le premier fils de Noé.

Dans la « carte génétique », deux choses semblent se distinguer et méritent une question. Est-ce que Madagascar a été une « plaque tournante » de peuplement de la terre ou il a été à l'origine même de ce peuplement mondial ?

Je vais vous démontrer que les Africains, les Papous de la Nouvelle-Guinée et les Négritos de l'Asie partagent la même population ancestrale qui est le peuple Kimosy. Selon toujours Tofanelli et son équipe, les gènes des lignées mâles qui sont considérées comme les ancêtres des Africains, sont E1b1a, B2* et E2b. Ils ont révélé que ces lignages ancestraux des Africains ont été également rencontrés chez les populations du Sud et des Hautes-Terres de l'île comme les lignages ancestraux des Négritos de l'Asie.

L'étude génétique de Mélanie Capredon et ses collègues ont aussi confirmé que les gènes E1b1a et E2b se trouvent chez les Antandroy et les Antanosy du Sud de Madagascar et chez les Antemoro/Ampanabaka qui sont les autochtones du Sud Est de l'île. Le gène E2b est présent en Afrique du Sud où habitent les Bochimans - Bushmen.

La présence du gène E1b1a chez les Andriana Merina et consorts des Hautes-Terres a été également affirmée par Razafindrazaka et son équipe. Or, les Andriana Merina sont considérés comme des individus non-africains de Madagascar. En conséquence, la présence des gènes E1b1a, B2* et E2b chez les Antandroy, les Antanosy et les Andriana Merina qui sont les descendants des Kimosy, signifie que les ancêtres des Africains sont également le peuple Kimosy.

La relation de Madagascar avec l'Afrique de l'est a toujours été soulevée et affirmée par les scientifiques malgaches et internationaux, la génétique en dit quoi ?

Le gène Rb, descendant du R9, est également trouvé en Afrique du Sud. À mon avis, ce sont les Bochimans de l'Afrique du Sud qui appartiennent à R9b puisqu'ils partagent avec les Malgaches et les Papous de la Nouvelle-Guinée la peau claire et les cheveux crépus. Cette relation génétique entre les Bochimans et les Papous est également confirmée par la présence d'un gène plus ancien appelé Tf D1 ou protéine « Transferrine » dans ces deux groupes de populations.

En conséquence, les Africains, les Bochimans, les Papous, les Andamanais, les Aborigènes et les populations de l'Asie de l'Est et du Sud Est, partagent la même population ancestrale qui est le peuple Kimosy. Le généticien américain Michael Hammer confirme cette hypothèse, car selon lui, les Aborigènes d'Australie, les Andamanais et les Papous de la Nouvelle-Guinée ont la même origine et la même population ancestrale que les Eurasiens. Michael Hammer, pour la première fois, a révélé que les peuples du monde partagent la même population ancestrale qu'il n'a pas dévoilé son nom et son origine.

D'après mes recherches, c'est le peuple Kimosy qui est pour moi la population ancestrale de tous les peuples du monde. Pour terminer, selon l'histoire génétique du monde, Noé appartient aux mutations les plus anciennes telles que RPS4Y, SRY10831.2, et YAP qui sont également trouvées chez les Malgaches.

 Et dans le domaine de l'archéologie...

Les cupules sont aussi considérées comme des preuves archéologiques irréfragables de l'existence des populations anciennes à Madagascar. Ainsi, les cupules sont présentes dans la région de Befotaka-Sud anciennement peuplée par les Kimosy. Les cupules sont considérées comme un art des plus anciens. L'ancien président du comité international d'Art Rupestre ou ICOMOS, Jean Clottes a donné la définition de l'art rupestre : « Le terme d'art rupestre qualifie les manifestations artistiques sur support rocheux.

C'est la seule manifestation culturelle de l'humanité qui a été poursuivie sans interruption pendant plus de trente millénaires pour parvenir jusqu'à nous sous ses formes multiples, inchangées depuis les origines. Les débuts de la création artistique ne sont pas le fruit d'une culture ou d'une ethnie particulière mais une composante essentielle de l'Homo sapiens-sapiens ». Les cupules existent également en Europe, en Asie et en Australie. Elles sont aussi présentes au Moyen Orient.

En Afrique, notamment au Cameroun, les cupules ont été également trouvées dans les grottes d'Akok Bikoe en zone forestière camerounaise. Confrontées avec les études génétiques déjà citées ci-dessus, la présence des cupules au Moyen Orient, en Asie jusqu'en Australie confirme aussi la migration des Mikea et des Kimosy porteurs des haplogroupes chromosomiques C-RPS4Y et D (M174) dans ces pays.

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