En début de semaine, la police norvégienne a confirmé l'arrestation d'un homme soupçonné d'incitation à la commission de crimes contre l'humanité au Cameroun.
L'AFP a confirmé qu'il s'agissait de Lucas Cho Ayaba, un dirigeant séparatiste camerounais. Son arrestation pourrait constituer un pas en avant vers la justice pour les victimes de crimes graves dans les régions anglophones du Cameroun.
Lucas Cho Ayaba est le chef du Conseil de gouvernement d'Ambazonie (Ambazonia Governing Council), un important groupe séparatiste impliqué dans le conflit en cours dans la région anglophone du Cameroun. Lucas Cho Ayaba aurait coordonné la branche armée de ce groupe, les Ambazonia Defence Forces (ADF), à distance depuis la Norvège. L'objectif du Conseil de gouvernement d'Ambazonie est de créer un État indépendant pour la minorité anglophone du Cameroun. Pour atteindre cet objectif, le groupe a puni tous ceux qu'il considérait comme collaborant avec le gouvernement. Il a pris pour cible des civils, kidnappé des travailleurs humanitaires et tué des opposants présumés, tout en recourant à l'intimidation et à la violence pour empêcher les enfants et leurs enseignants d'aller à l'école.
La procureure norvégienne a indiqué que l'enquête n'en était encore qu'à ses débuts, mais étant donné que Lucas Cho Ayaba est accusé d'avoir incité à commettre ces crimes depuis la Norvège, la procureure pourrait disposer d'un certain nombre de motifs pour poursuivre l'affaire. C'est la première fois que les autorités judiciaires norvégiennes inculpent un individu pour incitation à commettre des crimes contre l'humanité.
Alors que les séparatistes armés comme les ADF continuent d'affronter les forces gouvernementales, le bien-être des civils est devenu une préoccupation secondaire pour les parties impliquées. L'arrestation de Lucas Cho Ayaba est un avertissement pour d'autres personnes impliquées dans des crimes graves que le règne de l'impunité est peut-être en train de prendre fin.
Les séparatistes ne sont pas les seuls à commettre de graves violations des droits humains dans les régions anglophones. Des crimes graves commis par les forces gouvernementales sont fréquents depuis le début de la crise et les forces de sécurité ont également tué des civils, incendié des dizaines de villages et arrêté arbitrairement et torturé des centaines de séparatistes armés présumés.
Le gouvernement camerounais a la responsabilité de rendre justice pour les crimes les plus graves, mais il n'a guère progressé dans les enquêtes, et encore moins dans les poursuites, à l'encontre des responsables des infractions graves commises dans le cadre de la crise anglophone, en particulier par les forces de sécurité camerounaises.
L'annonce de l'arrestation de Lucas Cho Ayaba est certes bienvenue, mais la justice ne devrait pas être unilatérale. Tous les auteurs de graves abus, y compris les forces gouvernementales, devraient être amenés à rendre des comptes.