Bénin: Comparution de présumés putschistes devant la Criet - Pourvu que la vérité éclate !

Cellule de prison (Illustration)
analyse

On le sentait venir! Depuis leur arrestation dans la nuit du 23 au 24 septembre dernier, pour «tentative de coup d'Etat», suivie le lendemain, de la sortie du procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), les choses sont allées très vite pour les présumés putschistes au Bénin.

En effet, une semaine après leur arrestation, l'homme d'affaires Olivier Boko et l'ancien ministre des Sports, Oswald Homéky, tous deux accusés de fomenter un coup d'Etat contre le président Patrice Talon, ont comparu le 1er octobre 2024, devant cette juridiction d'exception pour être entendus par le procureur spécial. Quant au commandant de la Garde républicaine, Djimon Dieudonné Tévoédjrè, il aurait été aperçu à la Criet selon certains médias locaux, mais on ignore si ce dernier sera écouté en tant que témoin ou suspect.

En tous les cas, cette première comparution devant cette Cour, constitue une étape importante de l'affaire de coup d'Etat présumé dont tous les contours n'ont pas encore été élucidés dans un contexte de lutte de pouvoir pour la succession de Patrice Talon dont le deuxième et dernier mandat légal, finit en 2026. Au regard de la gravité des accusations portées contre les présumés comploteurs, tous les Béninois n'attendent qu'une chose : que cette procédure judiciaire fasse jaillir toute la lumière sur ce dossier qui vient perturber le mandat finissant du président Patrice Talon. La Justice béninoise saura-t-elle se montrer indépendante et répondre à la hauteur des attentes? On attend de voir.

Il revient à la Criet d'offrir aux accusés, un procès équitable

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Mais une chose est certaine : la Cour devant laquelle les prévenus ont comparu, la Criet en l'occurrence, n'est pas exempte de critiques. Souvent taxée qu'elle est, de "juridiction politique d'exception" dans un pays démocratique, créée par le président Talon pour «neutraliser» ses adversaires politiques. Les détracteurs sont d'autant confortés dans leur position que cette Cour s'est, le plus souvent, illustrée dans la condamnation d'opposants politiques, de journalistes et de blogueurs.

En un mot, des voix critiques au locataire du Palais de la Marina. Et l'opposante Reckya Madougou (qui a écopé de 20 ans de prison), le candidat recalé à la présidentielle de 2021, Joël Aïvo (10 ans de prison) ou encore le journaliste Virgile Ahouansè (12 mois avec sursis), ne diront pas le contraire. De là à craindre pour le sort qui sera réservé à l'ex-ministre des Sports et «l'ami intime» du président Talon, il y a un pas que d'aucuns ont vite fait de franchir. Et ils n'ont peut-être pas totalement tort au regard de la sulfureuse réputation de cette juridiction.

Cela dit, les deux principaux accusés doivent répondre devant la loi, pour autant que les faits à leur reprochés soient avérés et clairement établis. Ce faisant, il revient à la Criet de leur offrir un procès équitable, loin de toute chapelle politique, au risque de confirmer les critiques déjà émises à son encontre et qui ne lui font aucunement honneur. Toujours est-il qu'il faudrait travailler à éviter une nouvelle crise. Le Bénin qui est de plus en plus confronté au terrorisme sur son territoire, n'en a pas vraiment besoin.

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