Le président camerounais, Paul Biya, âgé de 91 ans, pourrait être de nouveau hospitalisé à l'étranger, ravivant ainsi les débats autour de sa succession. Cette nouvelle absence prolongée, qui dure déjà depuis plusieurs semaines, inquiète les Camerounais. Habitués aux voyages médicaux de leur président, beaucoup réagissent avec résignation face à cette situation devenue presque ordinaire.
Pour certains, l'idée que le pays soit gouverné "derrière les rideaux" n'est plus une surprise. Saint Eloi Bidoung, ancien militant du RDPC (parti au pouvoir), dénonce un manque flagrant de transparence : "Les absences répétées du président ne doivent surprendre personne. Il est dommage que les Camerounais ne sachent pas où est leur président et comment il se porte."
Cette absence prolongée de Paul Biya alimente également des tensions au sein du gouvernement. Des luttes de pouvoir pour sa succession semblent se préparer. Clarisse Yindou, étudiante en droit, souligne que "la guerre pour la succession du président est désormais ouverte entre les élites". Elle observe également une dégradation de la solidarité gouvernementale, ce qui affecte gravement la stabilité du pays.
Le manque de leadership a entraîné une inefficacité bureaucratique, avec des projets d'infrastructure en stagnation. L'héritage de Paul Biya est aujourd'hui remis en question. Saint Eloi Bidoung estime que le président a échoué à maintenir les acquis de son pays : "Il a hérité d'un pays en paix, mais il le quitte en guerre. L'économie prospère qu'il a reçue est aujourd'hui à genoux, et le tribalisme divise désormais les Camerounais."
Si certains Camerounais pensent que cette absence est une stratégie pour se maintenir au pouvoir jusqu'en 2025, une majorité aspire à un changement et à une ouverture démocratique. Le peuple réclame une nouvelle ère politique, après plus de quatre décennies sous la présidence de Paul Biya.