Pour sa notation de septembre 2024 GCR Ratings (GCR), qui est basée à Dakar, a maintenu inchangée la note d'émetteur de long terme BBB+(WU) sur son échelle régionale de notation de la Société Africaine de Plantations d'Hévéas (SAPH) mais a fait évoluer la perspective qui passe de positive à stable, ont annoncé les responsables de cette agence de notation.
Quant à la note d'émetteur de court terme, elle demeure toujours A2(WU).
« Le passage de la perspective positive à stable reflète l'opinion de GCR selon laquelle les revenus de SIPH devraient se maintenir à un niveau élevé, soutenus par un retour à la hausse des cours du SICOM (Singapore Commodity Exchange) observée depuis le dernier trimestre de 2023, ce qui devrait favoriser le maintien des marges dans un contexte d'optimisation continue des charges opérationnelles », avance l'équipe de notation.
Selon GCR, la notation de SAPH est alignée sur celle du Groupe SIPH, en raison de l'importance stratégique de cette filiale, attestée par sa contribution significative aux revenus (2023 : 66%) et aux résultats opérationnels (2023 : 35%) du groupe consolidé. De ce fait, GCR égalise la notation de la SAPH avec celle du Groupe SIPH. La notation du Groupe SIPH repose sur un profil financier marqué par une forte dépendance de son chiffre d'affaires aux fluctuations des cours du caoutchouc, ayant conduit en 2023 à une diminution de ses revenus et de ses marges. La marge d'EBITDA du Groupe a enregistré une diminution de deux points de pourcentage par rapport à l'exercice précédent, s'établissant à 14,3% (2022 : 16,2% ; 2021 : 17,7% ; 2020 : 12,0%). « Cette baisse résulte d'un niveau d'EBITDA en retrait, contraint par des revenus en diminution, eux-mêmes soumis à la pression d'un cours bas du SICOM, combiné aux décotes sur les prix de vente que le Groupe a été contrainte de pratiquer pour s'adapter aux conditions de marché et préserver ses volumes de ventes », note l'équipe de notation. Selon elle, les efforts soutenus d'optimisation des coûts opérationnels, entrepris depuis plusieurs années, n'ont pas suffi à pallier cette diminution. Par conséquent, la marge brute d'exploitation s'est dégradée, entraînant dans son sillage une contraction de la marge nette de quatre points de pourcentage, à 5,4% (2022 9% ; 2021 : 09,8% ; 2020 : 2,4%).
GCR anticipe une amélioration des marges du Groupe au cours des 12 à 18 prochains mois, en raison de la remontée des cours du SICOM 20 depuis le dernier trimestre de 2023, ainsi que des gains additionnels attendus avec l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne sur la déforestation (EUDR). « Malgré cet affaiblissement des marges, la flexibilité financière du Groupe demeure satisfaisante en 2023, grâce à une gestion rigoureuse de l'endettement », soutient GCR. La dette nette du Groupe rapporté à l'EBITDA s'établit à 0,72x en 2023, contre 0,37x en 2022, enregistrant ainsi une hausse qui, bien que notable, ne revêt pas encore, selon toujours GCR, de caractère préoccupant. « Dans ce contexte, avance l'équipe de notation, la couverture de la dette par les flux de trésorerie générés par l'exploitation, de même que celle des intérêts nets par l'EBITDA, restent adéquates, malgré les effets de la contraction des marges. »
GCR note par ailleurs que le Groupe SIPH présente un profil de liquidité correct. En 2023, les sources de liquidité dont il dispose couvrent entre 125% et 200% de ses besoins pour une période d'un an, une tendance qui devrait perdurer au cours des 12 à 18 prochains mois. En 2023, le Groupe SIPH, à travers sa filiale ivoirienne SAPH, a maintenu sa position de leader sur le marché du caoutchouc naturel en Côte d'Ivoire. Malgré une stabilité de la production agricole à 83 milliers de tonnes, la production industrielle a augmenté de 10%, portée par l'optimisation des capacités du site de Loeth, atteignant ainsi 364 000 tonnes.
Cette hausse a permis une augmentation des volumes de vente de 5,8%. « Cependant, tempère GCR, la baisse de 25 % des prix moyens de vente (1,27 €/kg) en raison de la faiblesse des cours du SICOM 20, combinée aux décotes appliquées pour maintenir les volumes, a conduit à une contraction du chiffre d'affaires de 11,6 %, à 474 millions d'euro ($ 527 millions). » La diversification géographique du Groupe, bien qu'étendue à trois pays, reste limitée par la prédominance de SAPH, qui représente 66% des revenus consolidés.
GCR considère que l'intégration approfondie de SIPH au sein du Groupe SIFCA, ainsi que ses liens étroits avec Michelin, constituent des facteurs favorables pour sa gouvernance et sa gestion. Le Groupe SIFCA détient une participation majoritaire dans SIPH, tandis que Michelin lui apporte un soutien opérationnel substantiel, notamment par le biais d'une assistance technique visant à l'amélioration des performances agronomiques des produits, ainsi que par la mise à disposition de ressources humaines au sein du Groupe. La stratégie du Groupe demeure fortement orientée vers le développement durable, se distinguant par l'adoption de pratiques exemplaires en la matière.
D'après l'équipe de GCR, un rehaussement de la notation de la SAPH serait tributaire i) d'une hausse significative et durable des cours mondiaux du caoutchouc naturel dont le Groupe reste tributaire pour ses achats et ses ventes ; ii) la poursuite du processus de strict contrôle des coûts conduisant à un seuil de rentabilité bas ; iii) du succès des plans d'investissement nécessaires pour moderniser l'outil industriel et augmenter les capacités de production actuelles, se matérialisant par la baisse régulière du point mort; iv) de l'amélioration de la flexibilité financière à travers une baisse de l'endettement ou une hausse de ses marges d'exploitation ; ou v) de la hausse de la couverture de ses besoins de liquidité par ses sources de liquidité au-delà de 200% pendant un an.
Selon toujours GCR, un abaissement de la notation de la SAPH serait la conséquence : i) de la baisse significative et durable des cours du SICOM pour le caoutchouc naturel impactant fortement sa rentabilité; ii) de la perte de parts de marché du Groupe SIPH sur ses marchés domestiques iii) de retards ou contraintes rédhibitoires en matière d'investissements destinés à moderniser et/ou augmenter les capacités de production ; iv) d'un recours à l'endettement que GCR jugerait excessif, voire difficilement soutenable à long terme ; ou v) de la baisse de la couverture de ses besoins de liquidité par ses sources de liquidité en deçà de 125% pendant un an.