Les réajustements salariaux et la relativité salariale au sein du groupe IBL, qui emploie plus de 19 500 personnes à Maurice, ont coûté Rs 1 milliard. L'impact du salaire minimal s'élève à Rs 420 millions, tandis que les réajustements salariaux représentent Rs 590 millions pour payer l'ensemble des 15 000 employés concernés.
«C'est un milliard de roupies amputées de la profitabilité du groupe sur une année», explique le Chief Executive Officer du groupe IBL, Arnaud Lagesse, lors de l'Analyst Meeting, qui s'est tenu à Port-Louis, lundi aprèsmidi. Face aux défis que présente l'économie mauricienne, il exprime ses craintes concernant «un réveil qui sera peut-être difficile en 2025».
«Je ne dis pas qu'il ne fallait pas augmenter les salaires mais la manière dont cela a été fait, le timing n'est pas idéal pour personne, en tout cas pas pour les entreprises», déplore Arnaud Lagesse. Il espère retrouver une partie de cette somme, entre autres, dans le circuit de la grande distribution, mais il reste inquiet de la situation et exprime ses préoccupations pour les petites et moyennes entreprises, qui auront des difficultés à absorber l'augmentation des salaires et la relativité salariale.
À cause de cette situation, Arnaud Lagesse avance que le processus de digitalisation chez IBL sera accéléré pour réaliser des gains de productivité à tous les niveaux. Il n'est pas sûr que cela soit suffisant pour résoudre le problème du chômage, qui, bien qu'en baisse depuis quelques années, demeure une préoccupation. «Voilà les dégâts», dit-il, tout en rappelant que le groupe a payé ces ajustements en attendant les démarches de Business Mauritius pour une Judicial Review.
Le groupe IBL a vu son chiffre d'affaires, pour l'exercice financier clos le 30 juin 2024, doubler pour atteindre Rs 102 milliards contre Rs 52,1 milliards pour l'exercice de 2023. Cette performance remarquable s'explique principalement par la consolidation des filiales nouvellement acquises en Afrique de l'Est et à La Réunion, qui ont contribué à plus de 40 % des revenus du groupe, ainsi que par une croissance à deux chiffres des activités existantes.
Les bénéfices d'exploitation ont progressé pour atteindre Rs 5,4 milliards, soit une augmentation de 27 % par rapport à l'année précédente. Le bénéfice après impôt (PAT) du groupe s'élève à Rs 5,9 milliards. Pour Arnaud Lagesse, c'est «une année où, globalement, les planètes étaient alignées mais il n'est pas trop évident de faire le même exercice tous les ans», a-t-il fait ressortir, malgré les bons chiffres réalisés. Malgré une baisse dans le segment du seafood, les autres secteurs ont fonctionné «de façon assez incroyable».
Le secteur des services financiers a connu une belle année, affirme-t-il, avec l'ensemble des activités affichant de bonnes performances, soutenues par une meilleure gestion. Le segment hospitality a également connu une très belle année pour le groupe LUX, avec un chiffre d'affaires en augmentation de 22 %. Les hôtels du groupe fonctionnent bien, et d'autres projets sont en cours. «Nous restons prudents car un événement peut bouleverser le cours des choses, dit-il, tout en soulignant que, pour le moment, les perspectives sont intéressantes pour le groupe LUX.» Il a également attiré l'attention sur l'Afrique de l'Est, où des investissements ont été réalisés dans Naivas, ainsi que dans d'autres secteurs tels que l'immobilier et les services financiers.
Le nouveau Group Chief Financial Officer d'IBL, Cédrik Le Juge de Segrais, s'est appesanti sur les prochaines ambitions du conglomérat. «Après le déploiement de la stratégie IBL Beyond Borders, nous allons nous attacher à consolider les progrès réalisés à la suite de nos récentes acquisitions en Afrique de l'Est et à La Réunion pour renforcer notre leadership au sein des grands acteurs économiques de la région. Nous capitaliserons sur nos expertises métier dans nos pays d'implémentation pour générer plus de 60 % de nos revenus à l'international d'ici 2030, tout en continuant à contribuer de façon forte et pérenne à l'économie mauricienne.»
Alteo renforce sa rentabilité avec des prix du sucre plus élevés, mais le segment immobilier recule en raison de la baisse des constructions à Anahita. Miwa Sugar et IBL Energy progressent, soutenus par de solides performances en Afrique de l'Est. Le segment Building & Engineering profite des contributions d'UBP et du groupe Manser Saxon, malgré l'augmentation des coûts. Commercial & Distribution affiche une forte croissance, portée par Naivas, Harley's, et Winners. Dans les Financial Services, AfrAsia et Eagle Insurance améliorent leurs résultats. Le secteur de l'hôtellerie, notamment LUX, bénéficie de la hausse des taux d'occupation, tandis que le segment seafood subit une baisse en raison de la réduction des matières premières et des coûts élevés.
Dans l'ensemble, la plupart des secteurs du groupe IBL ont affiché de meilleurs résultats cette année. Au-delà des Rs 6,3 milliards de Taxes, Duties & Levies reversées à la Mauritius Revenue Authority, le conglomérat a aujourd'hui, d'un effectif représentant 3,5 % de la population active de l'île Maurice.