Bénin: Complot présumé de coup d'Etat - Olivier Boko et Oswald Homéky formellement inculpés

Le mercredi 23 septembre dernier, une annonce a fait bondir plus d'un béninois de sa chaise. En effet, ce jour-là, le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a fait part d'un complot contre le président, Patrice Talon.

En cause : le commandant de la garde républicaine Djimon Dieudonné Tévoédjirè, l'ancien ministre des Sports Oswald Homéky et l'homme d'affaires Olivier Boko, ami de longue date du locataire du palais de la Marina.

Selon le récit du parquet, l'homme d'affaires aurait essayé de soudoyer le chef de la garde républicaine en lui remettant du cash et également en lui ouvrant un compte bancaire domicilié en Côte d'Ivoire. En échange, il devrait mettre en oeuvre le projet présumé de coup de force contre le président élu.

Quelque dix jours après la sortie du ministère public, la procédure judiciaire s'est vite accélérée. Au terme d'une longue audience mardi dernier devant la Chambre de libertés et de la détention de la Criet, Olivier Boko et Oswald Homéky ont été formellement mis en accusation pour « complot contre la sûreté de l'Etat », « blanchiment de capitaux » et « corruption d'agent public ».

Alors que son nom aurait été cité lors de la première annonce du procureur, le commandant de la garde républicaine était certes présent à la Chambre de libertés et de la détention mais en qualité de simple témoin.

La prochaine étape de ce feuilleton politico-judiciaire se jouera donc à la Chambre d'instruction en attendant en principe le procès proprement dit.

Tentative avérée de coup d'Etat contre le président Talon ou manoeuvre politicienne pour écarter un potentiel candidat, et non des moindres, à la prochaine présidentielle prévue en 2026 ? La question mérite d'être posée quand on sait que des groupes de soutien, en l'occurrence, « Objectif Bénin 2026 », « OB 2026 », des initiales d'Olivier Boko, multipliaient les appels en faveur de la candidature de ce dernier.

Faut-il donc y voir une relation de cause à effet ? Pour d'aucuns, cela ne fait l'ombre d'aucun doute car estiment-ils que la Criet depuis sa création est une machine à broyer les opposants au pouvoir et même tous ceux qui rêvent d'un destin national. C'est le cas notamment de Reckya Madougou qui a écopé de 20 ans de prison et du candidat recalé à la présidentielle de 2021, Joël Aïvo qui a été condamné à 10 ans de prison.

On espère donc que la justice béninoise appelée à faire en toute indépendance la lumière sur cette affaire saura se mettre au-dessus des enjeux politiques qui entourent le dossier. Il y va de sa crédibilité et même de celle de la démocratie béninoise plusieurs fois citée en exemple dans cette Afrique où l'Etat de droit et la séparation des pouvoirs peinent toujours à prospérer.

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