Madagascar: Étiage à Andekaleka - Les centrales thermiques à la rescousse

Sur instruction présidentielle, les groupes thermiques seront mis à contribution pour compenser le manque de production d'électricité. Une mesure coûteuse, mais nécessaire pour atténuer le délestage dans le Réseau interconnecté d'Antananarivo (RIA).

Une réunion d'urgence s'est tenue au palais d'État d'Ambohitsorohitra, mardi après-midi. Andry Rajoelina, président de la République, a convoqué les ministres chargés des secteurs de l'eau et de l'électricité, ainsi que le directeur général de la Jirama, pour définir les solutions durables, mais surtout les «solutions immédiates», aux longues coupures quotidiennes.

«S'il y a un problème, il y a une solution», a déclaré le chef de l'État. Pour l'électricité, Olivier Jean-Baptiste, ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures, indique que la solution immédiate pour Antananarivo est «la mise à contribution de la production thermique» pour compenser le gap de la production, en ajoutant : «Il s'agit d'une solution coûteuse, certes, mais elle est nécessaire étant donné la situation».

La période d'étiage est l'explication avancée au délestage infernal infligé aux usagers depuis plusieurs jours. En conséquence, les centrales hydroélectriques, notamment celle d'Andekaleka, tournent au ralenti. À elle seule, Andekaleka et ses 112 à 114 mégawatts, lorsqu'elle tourne à plein régime, fournit 55 % de l'électricité nécessaire au Réseau interconnecté d'Antananarivo (RIA). Hier, la Jirama a organisé une descente médiatique à Andekaleka pour montrer la réalité du terrain.

Devant le filet d'eau qui coule dans la rivière qui approvisionne le barrage d'Andekaleka, Manda Ny Aina Nomena, directeur général adjoint en charge de l'électricité, explique que «pour produire les 112 mégawatts, il faut un débit d'eau de 48 m³ par seconde. Actuellement, il n'y a que 23 m³ par seconde. C'est à peine suffisant pour produire 38 mégawatts. C'est la principale raison des délestages».

Les autres groupes hydroélectriques en appui à Andekaleka, comme ceux de Sahanivotry et Farahantsana, subissent la même disette d'eau, indique le responsable auprès de la Jirama. «Ainsi, tous les groupes thermiques dans le RIA seront mis en marche», ajoute-t-il. Sur le plateau du journal télévisé de la Télévision nationale (TVM), lundi, le président de la République a souligné la nécessité de mettre à contribution «deux grands groupes thermiques» sis à Ambohimanambola.

Injonction présidentielle

Andry Rajoelina a fait référence aux deux Turbines à combustion (TAC), qui produisent 30 mégawatts. Outre augmenter la capacité de production d'électricité destinée au RIA, ces groupes thermiques ont été installés pour être des backups des centrales hydroélectriques lorsque ces dernières sont en souffrance à cause de l'étiage ou bien en cas d'éventuelles pannes.

Comme le chef de l'État l'a noté sur le plateau de la TVM, lundi, le coût de fonctionnement des TAC est important. Le carburant nécessaire serait, selon lui, de 40 000 litres pour quatre heures, ce qui coûte environ 200 millions d'ariary. Aussi, la Jirama a-t-elle rechigné à prendre en charge les dépenses. Visiblement, la société d'eau et d'électricité s'est pliée à l'injonction présidentielle pour l'usage des groupes d'Ambohimanambola. Une nécessité face à l'ampleur du délestage.

Cependant, les TAC ne viendront en renfort que durant les heures de pointe en soirée, à savoir entre 18 heures et 22 heures. Pourtant, à entendre les explications du directeur général adjoint de la Jirama, la production de l'ensemble des groupes thermiques qui injectent de l'électricité dans le RIA risque de ne pas suffire à combler le gap causé par le ralentissement de la production des centrales hydroélectriques.

L'ensemble des groupes thermiques produisent en tout 94 mégawatts d'électricité. La Jirama prévoit ainsi de procéder à des pluies artificielles lorsque les conditions climatiques le permettent. Le but est de booster le débit des rivières qui font tourner les turbines des centrales hydroélectriques.

À sa sortie de la réunion d'urgence à Ambohitsorohitra, mardi, le ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures a parlé d'augmenter la production de la centrale solaire d'Ambatolampy, qui est aussi injectée dans le RIA. «Puisque le temps d'ensoleillement est en train d'augmenter, je pense que cela peut se faire», indique-t-il. De prime abord, toutes les solutions possibles sont prises en compte afin de mettre fin aux coupures d'électricité.

Pour les usagers, seul le résultat compte, toutefois. Outre la gêne sur le bien-être quotidien, les délestages interminables mettent à genou l'économie. Tous s'impatientent de voir les résultats des mesures d'urgence prises.

Une réunion hebdomadaire

L'autre casse-tête concerne les coupures d'eau. Ici aussi, la période d'étiage serait la cause d'une insuffisance de la production. Selon Lalaina Andrianamelasoa, ministre de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène, "le but dans l'immédiat est de produire 230 millions de litres d'eau par jour" pour éviter les coupures. À cet effet, la réhabilitation urgente des petites stations de traitement d'eau a été décidée. En principe, ce sont les backups de la grande station de Mandroseza.

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