La justice française donne deux mois supplémentaires à l'Algérie pour apporter des informations complémentaires pour appuyer sa demande d'extradition vers Alger d'un opposant kabyle. Aksel Bellabbaci, est un responsable du Mouvement d'autodétermination de la Kabylie (MAK). Il vit en France depuis 2012 et n'est plus retourné dans son pays depuis 2019. Mais l'Algérie l'accuse d'« actes terroristes » et demande à la France de le lui livrer.
Le 11 septembre 2024, au cours d'une audience, le parquet français avait estimé que l'« enjeu (était) trop grave » pour livrer Aksel Bellabbacci aux autorités algériennes sur la base des seules informations fournies. Le mercredi 2 octobre, la cour d'appel de Paris a suivi sa réquisition, et réclame donc un complément d'information. Car celle-ci qualifie de « très incomplètes » les informations communiquées par l'Algérie à l'appui de sa demande d'extradition, surtout au regard de l'enjeu pour Aksel Bellabbacci et de ce qu'il risque s'il est renvoyé vers Alger.
Condamné par contumace
L'opposant de 41 ans a déjà été condamné par contumace plusieurs fois et est poursuivi pour quatorze infractions, dont certaines lui font encourir une condamnation à la peine de mort, une peine toujours dans la loi algérienne même si le pays ne l'applique plus. Aksel Bellabbacci aurait, selon l'Algérie commandité les incendies qui ont ravagé la Kabylie en 2021 et fait au moins 90 morts.
« Je suis confiant »
Il serait aussi l'instigateur du lynchage à mort d'un habitant désigné à tort par la foule comme un pyromane. « Je suis confiant, l'Algérie n'a rien à avancer comme preuve sur cette affaire », a-t-il réagi, le 2 octobre, après la décision. Au cours de audience son avocat avait dénoncé des motivations purement « politiques » venant de l'Algérie. Son client est un proche du président du Mouvement d'autodétermination de la Kabylie, une mouvance accusée par Alger d'avoir des « visées séparatistes » et classée comme une « organisation terroriste ».