A peine sept mois de gouvernance, le tandem Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye s'illustre déjà par le nombre d'interpellations des voix discordantes sur la base du délit de diffusion de fausses nouvelles. Une situation qui rappelle avec regret les années sombres du régime du Président Macky Sall qui avait fait de l'article 254 du code pénal condamnant le délit d'offense au Chef de l'État son arme préférée dans le cadre de sa stratégie de réduction de l'opposition à sa plus simple expression.
Après le Président Macky Sall et son régime qui avaient fait de l'article 254 du code pénal, qui condamne le délit d'offense au Chef de l'État, leur arme préférée dans le cadre de leur stratégie de réduction de l'opposition à sa plus simple expression, le tandem Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye est-il en train de rééditer cette stratégie à travers le délit de diffusion de fausses nouvelles ? Et pour cause, à peine sept mois de gouvernance, on note déjà une dizaine d'interpellations sur la base de cette infraction qui avait servi de mobile sous la gestion de Macky Sall d'incarcération de plusieurs responsables de l'actuel parti au pouvoir. Parmi les personnalités tombées sous ce coup de ce délit, on peut citer le leader de Gueum Sa Bopp. Convoqué hier, mercredi 02 octobre, par la Division spéciale de cybersécurité, Bougane Guèye, par ailleurs membre de l'Alliance pour la transparence des élections et candidat à la députation investi sur la liste de la coalition Takku Wallu Senegaal, est poursuivi selon nos confrères de la Radio futur média (Rfm privée), pour injures publiques et diffamation suite aux propos tenus lors de l'un de ses points de presse.
Outre le patron du groupe du groupe de presse D-média, il y'a également le journaliste Cheikh Yérim Seck qui est actuellement visé par une procédure judiciaire sur la base de ce délit de diffusion de fausses nouvelles. Placé en garde à vue depuis mardi 1er octobre dernier dans une enquête ouverte par la Division spéciale de cybersécurité pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles » sur des propos tenus dans une émission sur une télévision de la place, Cheikh Yérim Seck a bénéficié hier, mardi, d'un retour de parquet.
Chroniqueur du groupe D-média, Kader Dia fait également partie des victimes de cette infraction. Déféré le mardi 1er octobre par la Division spéciale de cybersécurité pour diffusion de fausses nouvelles, il est toujours dans l'attente du sort qui lui sera réservé par le procureur de la République face à ses accusations de corruption contre une organisation de la Police nationale dans l'affaire de chavirement d'une pirogue qui a fait plusieurs morts au large de Dakar.
Autre personnalité écrouée sous le régime actuel sur la base de ce délit de diffusion de fausses nouvelles, c'est le commissaire à la retraite, Cheikhouna Keïta. Président du mouvement « Force dolel Askanwi », l'ex-patron de la Direction de l'Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) avait été radié d'office des rangs de la Police le 25 octobre 2013 par le Président Macky Sall, après une suspension de ses fonctions depuis trois mois à la suite du scandale de la drogue qui avait secoué la Police nationale la même année.
Très critique à l'égard du régime actuel, notamment contre le Premier ministre Ousmane Sonko, Cheikhna Keita a été arrêté sur un ordre de conduite émis par le Procureur de la République à la Division des investigations criminelles (Dic), le vendredi 6 septembre, avant d'être placé sous mandat de dépôt par le juge du 10e cabinet, le 11 septembre dernier, pour diffusion de fausses nouvelles.
Avant lui, le directeur de publication du journal « La Tribune » du groupe D-média, Pape Moussa Traoré a lui aussi était placé en garde à vue à la Section de recherches de la Gendarmerie sise à Colobane avant de bénéficier d'une levée de cette mesure, suite à un article concernant l'affaire de l'affectation du Général Souleymane Kandé à l'ambassade du Sénégal en Inde comme attaché militaire. Les premières victimes de ce délit sont l'activiste proche de l'ancien régime du président Macky Sall, Bah Diakhaté, et l'Imam Cheikh Tidiane Ndao qui ont été condamnés lundi 3 juin à trois mois de prison ferme et 100 000 francs CFA d'amende pour diffusion de fausses nouvelles.
Dans une vidéo diffusée sur la toile, Bah Diakhaté s'était attaqué au Premier ministre, Ousmane Sonko, suite au discours que ce dernier a prononcé sur l'homosexualité lors de la visite de l'opposant français et leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Pour sa part, le prêcheur Cheikh Ahmed Tidiane Ndao avait lui-aussi critiqué dans une autre vidéo le Premier ministre dont il qualifiait le démarche de complaisante vis-à-vis de l'homosexualité.