Le 64e anniversaire de l'indépendance du Nigeria, censé être un moment de rassemblement autour des idéaux et défis du pays, a plutôt étalé à la face du monde, la colère des populations dans un contexte économique morose.
Le mardi 1er octobre 2024, jour festif en principe, a été marqué par des manifestations de masse contre la « vie chère », qui malmène les Nigérians depuis plusieurs mois. De nombreux Nigérians sont une fois de plus descendus dans les rues pour dénoncer la misère qu'ils vivent et réclamer de meilleures conditions de vie.
Ils ont gros sur le coeur contre le chef de l'Etat, Bola Tinubu, au pouvoir depuis mai 2023, accusé de mettre en place des réformes qui renchérissent davantage le coût de la vie. Les manifestants n'ont pas tout faux. Caractérisées par la suppression de la subvention du carburant et du contrôle des devises, les réformes querellées ont été voulues pour redresser l'économie nigériane, fortement dépendante de l'exploitation pétrolière.
Mais sont-elles en train de produire l'effet escompté ? A moins de s'inscrire dans la durée pour en avoir le coeur net, on a du mal à répondre par l'affirmative, vu les dures réalités économiques actuelles au Nigeria. Le taux d'inflation, établi à 33,95% en mai 2024 par la Banque centrale nigériane est le plus élevé de ces trois dernières décennies.
C'est la flambée des prix à tous les niveaux : denrées alimentaires, essence, électricité, transports...La situation du Naira, n'est guère meilleure. La monnaie nationale se maintient à un niveau historiquement bas par rapport au dollar. Les Nigérians serrent la ceinture, sans savoir quand est ce que leurs misères prendront fin. Certains d'entre eux sont également confrontés à des inondations, une croix supplémentaire à porter.
Pour un pays qui regorge de potentialités pétrolières et gazières considérables, la situation économique du Nigeria pose question. L'anniversaire de l'accession à l'indépendance n'est pas à négliger, mais les esprits ne sont pas à la fête en terre nigériane. Le contexte est électrique et le régime de Tinubu en mesure la portée. Les manifestations d'août dernier, violemment réprimées, avaient fait 22 morts, poussant certains Nigérians à demander le départ du chef de l'Etat.
Le président nigérian tente toujours d'éteindre le feu, mais sa parole convainc-t-il encore grand monde ? Son allocution télévisée à l'occasion du 64e anniversaire, dans laquelle, il dit être conscient des difficultés de ses compatriotes et être en train de travailler à trouver de solution durable, a-t-il véritablement eu de l'effet ?
On peut parier que non. La seule solution qui vaille pour bon nombre de Nigérians, c'est l'arrêt des réformes, perçues comme la source du renchérissement du coût de la vie. Ou du moins, ils espèrent la baisse du prix du carburant qui pourrait influer positivement sur le panier de la ménagère. S'il prétend entendre les cris de détresse de ses compatriotes, Bola Tinubu ne semble pas vouloir pour autant remiser ses réformes au placard. Quelles solutions entrevoit-il alors pour soulager les souffrances des Nigérians ? On est impatient de le savoir...