Dans la boulangerie d'Okoun-Sèmè, le pétrin tourne à plein régime. Depuis le début de l'année, les commandes de pain, croissants et pains au chocolat sont honorées dans les délais. À la baguette, devant son four, Pierre Gbenou Tito Dossou, le jovial propriétaire de la boulangerie, est aujourd'hui un homme heureux.
« Depuis 2011, je souffrais d'un manque d'électricité. J'ai fait l'expérience des groupes électrogènes, sans succès. J'ai demandé un raccordement à la Société béninoise d'énergie électrique (SBEE), mais ils m'ont expliqué que j'étais beaucoup trop isolé et que je n'allais pas être connecté au réseau électrique de sitôt », se souvient encore M. Dossou. Pour faire tourner sa boulangerie, la seule solution était d'avoir recours à des branchements parallèles chez ses voisins, mais l'électricité reçue était de faible intensité.
« L'an dernier (en 2023), à ma grande surprise, des poteaux ont été plantés, un grand transformateur installé, et l'électricité est arrivée. Là, je me suis dit que j'avais gagné à la loterie ! », raconte avec humour le boulanger. « Ils ont procédé aux branchements, puis à l'installation des lampadaires, et nous avons été rapidement raccordés avec nos propres compteurs, sans aucun protocole. Et puis, nous sommes plus en sécurité, car les cambriolages ont diminué », ajoute-t-il, en remerciant les initiateurs du projet.
Depuis son domicile, Moussa Moudachirou, jeune trentenaire, apprécie également les nouvelles installations électriques. « Elles sont beaucoup plus avantageuses pour nous. Avant, pour avoir de l'électricité, on la tirait de chez les voisins. Maintenant, nous sommes directement branchés sur notre propre compteur, à la maison. Non seulement ces équipements sont numériques, mais ils sont également économiques », reconnaît-il.
Si la famille Moudachirou s'acquittait du paiement d'une facture mensuelle de 10 000 francs CFA (environ 16 dollars), elle utilise désormais une recharge de 5 000 FCFA pour alimenter le compteur. « On tient plus de trois semaines. C'est beaucoup plus avantageux pour nous. Sincèrement, merci aux bailleurs ! Aussi, nous leur demandons de bien vouloir penser à ceux qui n'ont pas pu bénéficier de ce projet », plaide Moussa.
À Okoun-Sèmè, un arrondissement de la commune Sèmè-Podji au sud-est du Bénin, dans le Golfe de Guinée, les familles Dossou et Moudachirou font partie des bénéficiaires du Projet de restructuration et d'extension du système de répartition et de distribution de la Société béninoise d'énergie électrique (PRESREDI). Le projet, financé par un prêt de 9,08 millions de dollars américains et un don de 7,28 millions de dollars du Fonds africain de développement, a reçu également un prêt de 17,79 millions de dollars de l'Agence française de développement pour sa mise en oeuvre. Le gouvernement béninois a contribué à hauteur de 3,68 millions de dollars par le biais de la Société béninoise d'énergie électrique (SBEE), l'entreprise publique chargée de la fourniture d'électricité au Bénin.
Lancé en 2018, le projet, dont le plan opérationnel sera achevé à la fin de l'année 2025, vise à accroître l'accès des populations à l'électricité dans les villes et environs de Cotonou et Porto-Novo, les deux principales agglomérations du pays, ainsi que dans des villes secondaires comme Abomey, Bohicon et Lokossa. Le projet a pour objectif également d'améliorer la qualité de la fourniture d'électricité et de réduire les pertes d'énergie dans les réseaux de répartition de la SBEE, évaluées à 23 % en 2015. Le Bénin devrait tenir ce pari au regard des impacts positifs générés par la mise en oeuvre progressive du projet.
Mouniratou Tiamiou, une des bénéficiaires du projet, a, pour sa part, déjà tourné la page du temps où les baisses de tension endommageaient les appareils électroménagers. « Cette histoire est bien derrière nous à présent. Nous en sommes très heureux ! Nous avions été cambriolés à trois reprises pendant des périodes de délestage... Depuis que toute la zone est éclairée, ces cas ont disparu », confie Mouniratou, pleine de reconnaissance à l'égard du projet.