Paris — La richesse et particularités du patrimoine urbain et territorial maroco-andalous ont été mises en avant, jeudi, lors d'un colloque scientifique organisé à l'antenne de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) France, à Paris.
Intervenant à l'ouverture du colloque, initié par la chaire scientifique EMARA sur le patrimoine maroco-andalou de l'UM6P, le directeur de l'UM6P France, Fahd Benkirane a indiqué que "les villes méditerranéennes, au coeur des échanges historiques, culturels et économiques, sont des témoins vivants de la richesse et de la complexité de notre patrimoine partagé".
En prenant pour exemple Tétouan, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, il a souligné que cette ville est une "véritable synthèse de cultures marocaine et andalouse". "La ville historique de Tétouan présente des particularités qui ont influencé le développement architectural et artistique de l'époque du protectorat espagnol", a-t-il dit.
"Comprendre et préserver cette histoire, tout en intégrant les enjeux contemporains de résilience et de durabilité, est essentiel pour envisager un avenir respectueux des cultures locales", a-t-il poursuivi.
Il a, par ailleurs, indiqué que l'UM6P, qui a pour mission principale le développement du savoir, la science et la technologie, s'est fixée de grandes ambitions, notamment en matière de développement durable, rappelant l'organisation par l'université de plusieurs événements consacrés à la résilience des villes africaines dans un contexte d'urbanisation rapide sur le continent.
Et de préciser que ce colloque - qui a pour thème "Patrimoine Urbain et Territorial Maroco-Andalous : Innovation, Résilience et Durabilité"- à travers ses différentes sessions, a pour objectif de tirer les leçons du patrimoine architectural urbain et territorial marocain afin d'innover pour les villes et territoires de demain en Afrique.
De son côté, le directeur du patrimoine mondial à l'UNESCO, Lazare Eloundou Assomo, a indiqué, via visioconférence, que les villes méditerranéennes inscrites au patrimoine de l'organisation onusienne témoignent d'une interconnexion millénaire illustrant la richesse historique de la région, mais aussi les dynamiques complexes qui ont façonné les révolutions urbaines.
La gestion de ce patrimoine mondial, a-t-il souligné, nécessite "une approche collaborative" intégrant le savoir faire traditionnel et les innovations contemporaines.
Dans la gestion urbaine des villes historiques, les universités jouent "un rôle clé" en tant que centre de recherche et d'innovation, a fait remarquer le responsable onusien, notant que leur capacité à engager la jeunesse, former des experts interdisciplinaires, faciliter l'intégration des connaissances traditionnelles et des approches contemporaines et développer des solutions durables est "indispensable".
Et de souligner que le Maroc a beaucoup à offrir à la compréhension et la gestion durable des écosystèmes naturels, culturels et communautaires.
"Les systèmes hydrauliques traditionnels du Maroc sont des témoignages impressionnants de l'ingéniosité humaine face aux défis de l'eau dans un environnement aride et offrent des leçons précieuses sur la gestion durable des ressources naturelles", a-t-il indiqué à ce propos.
Il a ajouté que l'influence de l'architecture et de la culture maroco-andalouse en Afrique, mais aussi en Amérique latine, est "un exemple fascinant" de la manière dont les échanges culturels transcendent les frontières géographiques et temporels enrichissant les cultures et les pratiques locales et créant des environnements urbains fonctionnels et durables.
Avec ce colloque, a-t-il assuré, la Chaire EMARA s'aligne avec les principes de la recommandation de l'UNESCO de 2011 sur le paysage urbain historique et contribue à atteindre la cible 4 de l'objectif de développement durable 11 sur les villes et communautés durables par le renforcement des efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel et naturel mondial.
Pour sa part, Hassan Radoine, architecte urbaniste et coordinateur de la chaire scientifique EMARA-UM6P, a indiqué que dans un contexte mondial marqué par des défis climatiques, socio-économiques et environnementaux, la résilience du patrimoine devient "un enjeu crucial".
"Nous savons que le patrimoine ne doit pas seulement être un témoin passif du passé, mais doit être capable de s'adapter, d'évoluer et de trouver des solutions aux crises actuelles", a-t-il expliqué, faisant observer que "le patrimoine maroco-andalou, en tant qu'exemple emblématique, nous montre qu'il est possible de créer des systèmes résilients, où les savoir-faire traditionnels peuvent se conjuguer aux techniques modernes pour relever les défis futurs".
M. Radoine a également souligné le "lien essentiel" entre durabilité et patrimoine. "Le patrimoine doit non seulement être protégé, mais il doit aussi contribuer à une vision durable de l'urbanisme", a-t-il précisé, ajoutant que les pratiques contemporaines d'aménagement urbain doivent s'inspirer de la capacité des anciennes structures à gérer efficacement les ressources, à être intégrées dans leur environnement naturel et à minimiser leur empreinte écologique.
Et de conclure: "Il est de notre devoir de veiller à ce que le patrimoine soit transmis intact aux générations futures tout en répondant aux exigences du développement durable".
Au programme de ce colloque figuraient plusieurs panels thématiques, notamment: "le patrimoine urbain partagé: les dynamiques des villes méditerranéennes interconnectées", "le rôle des universités dans la planification et la gestion urbaine des villes historiques (médinas)", "le patrimoine itinérant des arts et design architectural maroco-andalous en Amérique Latine" et "de l'exploration du patrimoine résilient des systèmes hydrauliques aux résolutions durables de l'optimisation".