Madagascar: Socioculturel - La pauvreté n'est pas un vice

Les Malgaches veulent quelque chose d'abracadabrantesque ! « Masikiny tsy mahadiny raha ela ». Oui, pour les pauvres, la patience est un luxe qu'ils ne peuvent pas s'offrir car elle a ses limites. Il faut être visionnaire, disait l'autre.

Or, la vision s'avère totalement floue. Floutée par les vitres fumées des pseudo-leaders craignant de voir la réalité en face. Brouillée par les feux de brousse de Sakaramy puisque les paysans n'auront pas de repas chaud sans charbon, aveuglés par la zizanie postée chaque matin sur Facebook, le réseau social préféré des citadins.

Que faire ? Eh bien, se lancer dans l'entreprenariat, une profession à la mode, qui peut transformer une vendeuse de brochettes au cœur de l'avenue de l'indépendance en PDG d'une grande boîte de viande grillée. Et quand les journalistes lui demandent ce qu' elle a fait pour arriver à ce stade, elle sort, en souriant, la réponse légendaire « un départ à zéro, je suis partie de rien ». Inspirées, les Anjatiana et les Mbôtiravo ainsi que les Pénéloppe vont suivre aveuglément ses pas en transformant la salade russe en « soupe tamatave ». Pas étonnant si les ruelles dégagent une odeur de chairs faisandées.

La réussite a un secret que tout le monde connaît : la persévérance et la passion. En vérité, les entrepreneur(e)s ont bu tant d'eau de boudin avant de savourer le goût du succès. Souvent, personne n'était présent pour les relever pendant qu'ils chutaient. Ils étaient orphelins comme la défaite. Cependant, des salves d'applaudissements résonnent de partout lorsqu'ils soulèvent le trophée, la victoire a mille pères.

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Persister nécessite un travail acharné sans répit, une réflexion, un sens de l'écoute afin de concrétiser son rêve. Toutefois, ventre affamé n'a point d'oreilles. Alors, nos chers compatriotes optent pour l'argent facile. La concurrence sociale oblige. Ainsi « je veux être comme untel » revient sans cesse dans les esprits.

En outre, l'investissement paresseux n'est pas exclu. Il n'y a pas de sot métier. Pourtant, le taux de chômage est élevé. En parallèle, la sortie de Drakohely de Rijade a totalement suscité l'intérêt des ravissantes jeunes femmes malgaches. Inspirée par les faits réels, cette formation de Nosy-Be n'a pas cherché loin. Ce qui se passe autour d'elle suffit... En fait, pas besoin de poursuivre des études en économie pour constater la dépréciation de la monnaie malgache.

En voyant : 1 euro = 5000 ariary, les pépites malgaches sont entièrement persuadées que dénicher des papys européens serait le seul moyen de s'en sortir. Une fois bien installées sur le vieux continent, elles enverront de leurs propres mains des devises. Au fil du temps, ces créancières deviendront des influenceuses de références auprès de benjamines qui prennent grand soin à coiffer leur « baby hair ». Faute de chance, elles finiront par acheter des faux tickets pour s'embarquer dans le kwasa-kwasa, direction Mayotte.

Le monde artistique, là où la compétition fait rage, n'est pas en reste. Les bonnes compositions, les textes engagés, les voix mélodieuses ne comptent guère. Ceux qui ont de la «gueule» gagnent la guerre. À vrai dire, la scène musicale appartient à ceux qui portent allégeance au régime...

Bref, jusqu'ici, Madagascar n'a pas encore rattrapé le retard de 50 ans. La formule magique « tsy maintsy mandroso » ne produit aucune solution miracle.

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