On touche le fond. On a atteint le summum de la démence et de la débilité cette semaine. On sait que les réseaux sociaux constituent un exutoire pour beaucoup de personnes frustrées pour une raison ou une autre, dépitées par une situation sociale intenable. On sait également que les réseaux sociaux peuvent être un danger pour la démocratie, mais de là à verser dans des propos dégradants, provocateurs et insultants, il y a un pas que les gens sensés n'oseraient pas franchir.
On se demande pourquoi le succès monumental obtenu par un groupe d'artistes populaires dérange une partie de l'opinion. Depuis vingt ans, le groupe est abonné au même succès sans que cela constitue un scandale. Mais à travers le succès obtenu dimanche à Antsonjombe, certains voient peut-être déjà le nombre de voix que le « manager » du groupe pourrait obtenir aux élections communales. À voir cette foule immense, il y a évidemment de quoi avoir des soucis. Mais tous ceux qui étaient venus à
Antsonjombe ne sont certainement pas au courant de ce détail important. C'est d'autant plus vrai que le concerné lui-même se faisait petit dans la foule.
Le groupe a fait l'objet d'une cabale bien orchestrée sur les réseaux sociaux. L'affaire est montée en épingle pour dresser les articles entre eux sur fond de connotation tribale. Bien évidemment, le groupe s'est abstenu de tout commentaire. Il est inutile de descendre jusqu'à cette bassesse hideuse.
Toujours dans cette note de médiocratie, les échanges verbaux sur les ondes et les réseaux sociaux entre deux députés de l'opposition à propos d'une candidature aux élections communales défraient également la chronique. Là aussi, on frôle le stade suprême de l'insolence et de l'état primaire.
La méchanceté et la virulence des propos dans les deux situations ont été telles qu'elles ont carrément masqué l'exploit des jeunes amateurs d'informatique qui ont remporté haut la main à Athènes le titre olympique de la robotique. Une nouvelle fois, la performance des porte-étendards du pays n'a pas été appréciée à sa juste valeur. C'est pourtant une bouffée d'oxygène à défaut d'électricité et d'eau fraîche. Exténuée par une situation dramatique, la population n'a plus la force de lancer des hourras ni de crier « à bas ».
L'énergie du désespoir a disparu dans les illusions de l'espoir.
La fameuse résilience des citoyens semble s'émousser à petit feu. Certains semblent avoir abandonné le combat face à tant d'inepties. Mais il faut s'y faire, comme le dit Umberto Eco : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. » No comment.