Les 4 et 5 octobre 2024, plusieurs dizaines de chefs d'États et de gouvernements issus des pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se retrouvent en France pour parler notamment de l'avenir du français. Dans le nord-est de la RDC, à Kisangani, cette langue, telle que parlée en milieu universitaire, connait des influences des langues locales et des adaptations suivant les réalités locales. Adaptations qui font débat. Illustration à l'université de Kisangani.
Assis devant un auditoire de la faculté de médecine de l'Université de Kisangani, David, étudiant, explique pourquoi lui et ses camarades sont surnommés « gecko », un petit animal ressemblant à un lézard.
« Il y avait des étudiants qui lisaient toute la nuit, raconte David. On a constaté que le gecko apparaît souvent la nuit. C'est pour ça qu'on les a comparés aux étudiants de la faculté de médecine ».
L'usage des mots français hors de leur sens premier est très fréquent à Kisangani dans le milieu universitaire, comme à l'Institut supérieur pédagogique ou Emmanuel est étudiant : « S'il y a un examinateur par exemple qui a posé une question ayant déjà été posée durant les épreuves antérieures, nous, on dit, ça, c'est un macchabé. Il y a des examens qui reviennent comme ça, à tout moment, et nous on est contents. »
« La langue s'adapte aux besoins expressifs »
Pour le professeur Jacques Riverain Lofemba, l'évolution de sens des mots est bénéfique : « Par manque de lexique approprié, nous qui composons ces examens, on nous appelle même des "maccabistes" pour désigner un enseignant paresseux qui ne fait que revenir sur ces anciennes questions. C'est la vitalité même de la langue. La langue s'adapte aux besoins expressifs. »
De son côté, le linguiste Emmanuel Mbanga voit dans ce phénomène, un choc des cultures nuisible aux langues locales : « Ceux qui ne connaissent pas nos langues, ils ont des problèmes pour comprendre nos cultures et le français aussi. Donc, faisons un effort pour aimer nos langues comme nous aimons le français. »
Un débat sur le choc des langues bien vivant, tout comme le français sur les campus congolais.