Les 4 et 5 octobre 2024, plusieurs dizaines de chefs d'États et de gouvernements issus des pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se retrouvent en France pour parler notamment de l'avenir du français. Une langue enseignée et pratiquée à Mitahato, village situé près de Nairobi, et qui se présente comme le « premier village francophone du Kenya ». Reportage.
C'est le premier village francophone du Kenya : Mitahato, à une trentaine de kilomètres au nord de Nairobi, est une commune rurale de 3 500 habitants, connue pour ses bananes. Dans ses rues, on y parle parfois français.
C'est grâce à Chris Mburu : cet enfant de Mitahato, tombé amoureux de la langue française alors qu'il travaillait en République démocratique du Congo (RDC), y a développé un centre culturel français. Son objectif : offrir des opportunités d'emploi, aux enfants du village.
C'est d'ailleurs dans la maison d'enfance de Chris Mburu, transformée en bibliothèque francophone, que les leçons de français sont données : une heure chaque jour de la semaine, six heures le samedi.
« Les agriculteurs savent que c'est une grande opportunité pour leurs enfants »
Moïse, 15 ans, est un élève assidu. « Quand tu apprends le français, il y a beaucoup d'opportunités, souligne-t-il. Par exemple, tu peux travailler dans les pays francophones. Je voudrais être un docteur en France, parce que j'aime ce pays. Il y a la Tour Eiffel et beaucoup de grandes bibliothèques ».
Près de 40 élèves de 8 à 30 ans fréquentent le Centre culturel français de Mitahato, souvent poussés par leurs parents. Neonillah Tsindori, sa responsable, explique : « Les parents des élèves travaillent dans l'agriculture. Ils savent que c'est une grande opportunité pour leurs enfants. Parce qu'ici, au Kenya, il n'y a pas beaucoup d'emplois. »
Joséphat a 24 ans. Cet agriculteur est aussi devenu professeur de français pour arrondir ses fins de mois. « J'enseigne en ligne, détaille-t-il, et puis, lorsque je ne suis pas ici, à la bibliothèque, pour le français, je suis aux champs. Un étudiant peut peut-être me payer 10 000 shillings [70 euros, NDLR]. Si j'en ai trois, je gagne peut-être 30 000 [210 euros, NDLR]. Donc, ça m'aide beaucoup ».
Au Kenya, le salaire minimum obligatoire est de 13 000 shillings par mois, soit un peu plus de 90 euros.