Au Mali, Youssouf Daba Diawara, coordinateur de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS) de l'imam Mahmoud Dicko, a été condamné ce 3 octobre 2024 à deux mois de prison avec sursis. Il devrait être libéré dans la journée. Il était poursuivi pour « opposition à l'autorité légitime », après sa participation à une manifestation d'opposition non autorisée. Ses avocats se réjouissent de la libération de Youssouf Diawara mais déplorent cependant une condamnation jugée infondée.
Les proches de Youssouf Diawara sont soulagés, mais aux yeux de ses avocats, il ne s'agit sûrement pas d'une victoire pour la Justice.
La défense salue la « clémence » du juge, qui n'a pas prononcé la peine maximale prévue par la loi et qui, en assortissant sa condamnation d'un sursis, permet à Youssouf Diawara de recouvrer la liberté. L'audience s'étant achevée tardivement jeudi soir, les formalités administratives liées à sa libération n'ont pas pu être effectuées mais Youssouf Diawara devrait être relâché ce vendredi.
Condamnation infondée
Pour autant, les avocats de Youssouf Diawara estiment que sa participation à une manifestation qui n'avait pas reçu les autorisations nécessaires - c'était en juin dernier, pour réclamer de l'électricité et des élections - aurait dû lui valoir une contravention, mais en aucun cas une condamnation pour « opposition à l'autorité légitime ».
Le tribunal est donc allé « dans le sens du délit », ce que dénoncent les avocats de Youssouf Diawara, qui rappellent également que le coordinateur de la CMAS vient de passer deux mois et demi en prison, une détention provisoire perçue comme excessive. « La peine prononcée prouve que les faits n'étaient pas d'une extrême gravité », estime encore l'un de ses avocats.
Depuis le début de la procédure, l'entourage de Youssouf Dicko dénonce un procès « politique ».
Message à l'imam Dicko
Les motivations du juge ne sont pas connues, la rédaction du jugement n'ayant pas encore été transmise. Sollicité par RFI pour éclairer cette décision, le procureur du tribunal de la Commune 5 de Bamako n'a pas souhaité commenter.
Youssouf Diawara avait été interpellé en juin dernier par des hommes armés, encagoulés et sans mandat, plus d'un mois après la manifestation en question, qui était organisée par la Synergie d'action pour le Mali, un regroupement de partis politiques et d'organisations de la société civile réclamant le retour à l'ordre constitutionnel.
Youssouf Diawara est donc libre mais le message adressé à son mentor est limpide. L'imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut conseil islamique du Mali, devenu farouche opposant des autorités de transition, est réfugié en Algérie depuis décembre 2023. S'il envisageait de rentrer à Bamako, son retour serait pour le moins compliqué.
Procédures politiques
De nombreuses figures politiques ou de la société civile sont toujours incarcérées au Mali, dans le cadre de procédures considérées comme « politiques » par les organisations de défense des droits humains.
On peut notamment citer les cas de Ras Bath, Rose vie chère, Clément Dembélé, Etienne Fakaba Sissoko ou encore des onze anciens ministres et dirigeants politiques de la « Déclaration du 31 mars » réclamant le retour à l'ordre constitutionnel au Mali. Arrêtés le 20 juin dernier après s'être réunis dans un domicile privé, leur demande de mise en liberté avait été acceptée par le juge d'instruction, mais a fait l'objet d'un recours de la part du Parquet.