Afrique de l'Ouest: 19éme Sommet de la Francophonie – La langue française menacée dans le Sahel

4 Octobre 2024

La France a accueilli les Chefs d'Etat et de gouvernement francophones à Villers-Cotterêts à Paris ce vendredi 04 octobre 2024 à l'occasion du XIXe Sommet de la Francophonie. Cependant, l’absence de l’Alliance des Etats du Sahel notamment le Niger, le Mali et le Burkina à ce rendez-vous, suscite beaucoup de questionnement.

Sous le thème « Créer, innover et entreprendre en français », cette édition est partie pour mettre en valeur la langue française et la Francophonie dans différents domaines, tel que la diplomatie, la politique, et la culture.

Des questions qui nous taraudent l’esprit : jusqu’où l’AES est prête à aller pour se libérer de la France ? Est-elle prête à se détacher de la langue française, puisque c’est de ça qu’il s’agit, c’est-à-dire la Francophonie sous toutes ses formes.

Pour rappel, la France est devenue persona non grata sur le territoire de ces trois Etats du Sahel au lendemain de leur rupture. Cette situation est née du fait que « la France est décriée comme prédatrice économique par toute une génération et comme porteuse de valeurs occidentales honnies par des groupes islamiques orthodoxes et radicaux » comme mentionné par Le Monde.

Selon la même source, ces derniers ne sont pas nécessairement djihadistes, mais ils rejettent le modèle politique et social en vigueur depuis les indépendances, se nourrissant des faiblesses, des faillites économiques et des compromissions des Etats dans lesquels ils évoluent.

Dès lors, à la suite des putschs au Mali en août 2020, au Burkina Faso en janvier 2022 et au Niger en juillet 2023, une sensation de divorce avec le néocolonialisme est née de ces leaders de la transition dans le but de lutter contre les groupes armés évoluant dans la nébuleuse de l’organisation Etat islamique ou celle d’Al-Qaida. D’où la création de leur Alliance le 16 septembre 2023.

A cet égard, il faut noter qu’à ce jour, ils ont manqué tous les rendez-vous conviés par la France. Leur absence à cette 19éme sommet de la Francophonie vient confirmer la détermination qu’ils ont dans l’accomplissement de leur pacte de défense mutuelle. D’aucuns parlent même de remplacer le français par les langues nationales.

En effet, au Burkina Faso et au Mali, le français n’est plus la langue officielle. Il a été relégué au rang de langue de travail au même titre que l’anglais. Cette tendance est bien présente car les populations adhérent à une montée du sentiment antifrançais.

Par ailleurs, au Sénégal, les nouvelles autorités ont également mentionné leur volonté à vouloir inclure les langues nationales dans l’enseignement notamment, le diola, le malinké, le pulaar, le sérère, le soninké et le wolof qui sont reconnues par la constitution.

Cette volonté de l’Etat sénégalais rejoint la théorie de Cheikh Anta Diop dans son ouvrage « Nations Négres et Culture » selon laquelle « il est plus efficace de développer une langue nationale que de cultiver une langue étrangère ; un enseignement qui serait donné dans une langue maternelle permettrait d'éviter des années de retard dans l'acquisition de la connaissance ».

Devant tous ces états de fait, il faut croire que l’avenir de la langue française est bien menacé dans le Sahel.A l’issu de ce sommet, ce détachement naissant de certains Etats du Sahel à la langue de Molière aura forcément un impact sur son avenir.

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