Le quartier de Khor, fondé en 1899 par Golo Koné, un agent administratif du consulat de France, est niché derrière la route de l'Université Gaston Berger (UGB) et l'usine des eaux.
Entre 6000 et 7000 âmes vivent dans ce quartier dont le fondateur est venu en 1886 de la cité voisine de Vauvert. Celle-ci doit son nom à ce dernier, Moussa Camara dit Vauvert, un Guinéen qui s'est apostasié et s'est converti au protestantisme.
Il était peuplé au départ de gens de l'ethnie bambara originaire du Mali, auxquels sont venus se joindre des habitants de l'île de Diouck, située entre Leybar et Khor.
Aujourd'hui, le quartier qui a grandi au fil des années est peuplé de diverses ethnies à la faveur des mariages mixtes. Il est confronté à des problèmes spécifiques liés à son statut d'ancien lit de fleuve.
"A l'origine, tout ce que tu vois là de la route à la digue, il n'y avait aucune habitation", raconte à l'APS Cheikh Amadou Diarra, dignitaire du quartier, retraité de l'enseignement et ancien reporter sportif à radio Sénégal.
Selon ses confidences, "le quartier de Khor a été créé en 1899 par Golo Koné, son arrière grand-parent qui venait du site d'en face cité, Vauvert du nom de Moussa Camara, un Guinéen qui s'est apostasié ensuite pour adopter le protestantisme".
Golo Koné était un agent administratif du consulat de France. Il avait bénéficié d'un appui de ses patrons qui lui avaient proposé un site au quartier Nord. Mais, ce site ne lui convenait pas du fait de ses pratiques mystiques, explique Diarra, en présence d'autres dignitaires du quarter réunis pour les besoins de cet entretien.
Par la suite, les Français lui proposèrent un vaste espace sur la route Ndiaye Diouf, au quartier Khor. Il l'offrit à ses enfants qui y obtinrent chacun une parcelle, poursuit-il.
Il avait jeté son dévolu sur un petit espace derrière l'usine des eaux pour s'y installer avec l'assentiment de ses patrons.
La case de Golo
D'ailleurs, à l'époque, Khor s'appelait "Golo Bougou" (la case de Golo), rappelle M. Diarra. Il signale que son arrière grand-parent sera suivi sur les lieux par Yoro Sidibé. Présent au moment de l'entretien, un des descendants de ce dernier, Moussa Sidibé, acquiesce de la tête pour conforter les déclarations de Diarra.
Moussa Sidibé signale d'ailleurs que son père, Thiélokho Yila, fut le premier enfant né dans ce quartier en 1903, avant de rendre l'âme le 9 septembre 1993.
Le quartier s'est agrandi avec l'arrivée massive des populations de l'île de Diouck, désireuses de se rapprocher de la ville. Ce qui justifie la présence aujourd'hui de toutes les ethnies, soulignent nos interlocuteurs. Ils rappellent que le guide religieux de Ndiassane y comptait beaucoup de disciples venus du Mali.
Il y avait obtenu un lopin de terre pour y caser ses fidèles. Il les incitait à s'orienter vers l'agriculture.
Ce terroir s'est dépeuplé avec la salinisation accentuée par les barrages. Par le passé, l'eau douce coulait le long du canal de Khor, jusqu'à la vallée de Lampsar et favorisait le développement du maraîchage.
L'exode depuis le Wassoulou
Sur les origines des premiers habitants, Cheikh Amadou Diarra s'accorde avec nos autres interlocuteurs sur le fait que "les bambaras, sous l'étreinte de Samory Touré, voulaient s'éloigner de leur terroir, le Wassoulou, au Mali, connu pour avoir donné au monde la grande cantatrice Oumou Sangaré. C'est ainsi qu'ils vinrent s'installer au Sénégal".
Sur leur route, ils auraient appris la capture de Samory, mais avaient déjà décidé de "s'éloigner de leur mère patrie".
Sur l'origine du nom Khor, nos interlocuteurs pensent qu'ils pourraient avoir deux origines. L'une des hypothèses avancées voudrait qu'il vienne de la déformation linguistique de "Poncoro" qui signifie près du pont en bambara.
La seconde serait liée à la présence à l'époque, et jusqu'à récemment, d'une entreprise de fabrique de coquillages (Khor en wolof) sur un endroit situé non loin du pont.
Nostalgique de sa tendre enfance passée dans ce quartier, Cheikh Diarra en garde encore le souvenir. "Pendant notre enfance, nous ne savions un piètre mot de la langue wolof, que nous avons appris au contact de nos autres camarades à l'école française", explique-t-il.
Parmi les illustres fils de Khor figurent l'ancien gouverneur de Dakar, Ibrahima Koné, ainsi que son frère, Adiouma Koné, également administrateur civil. Ce dernier fut préfet du département de Kébémer. C'est d'ailleurs dans cette ville qu'il fut rappelé à Dieu.
Ils étaient tous fils de Fandiery Koné dont l'école primaire du quartier porte le nom.
Parmi les illustres fils de Khor figurent l'ancien gouverneur de Dakar, Ibrahima Koné, ainsi que son frère, Adiouma Koné, également administrateur civil. Ce dernier fut préfet du département de Kébémer. C'est d'ailleurs dans cette ville qu'il fut rappelé à Dieu.
Ils étaient tous fils de Fandiery Koné dont l'école primaire du quartier porte le nom.
Figurent aussi parmi les illustres fils de Khor, le colonel des armées, Talibouya Koné, ainsi que notre interlocuteur Cheikh Amadou Diarra, ancien reporter sportif de radio Sénégal. Pendant longtemps, il assura la couverture médiatique des activités à Louga et Saint-Louis, pour le compte de la radio nationale.
M. Diarra est aussi écrivain à ses heures perdues. Il a en effet publié deux romans : "Kéba, l'héritier bamanan de Faraguedougou" et "A l'épreuve du destin".
L'assainissement, problème prégnant à Khor
Les populations de Khor sont confrontées à divers problèmes dont le plus prégnant est certainement celui de l'assainissement, affirme Djibril Coulibaly, président du Comité de gestion de l'école et membre du collège des sages du quartier.
Leur grand-père, Fandiery Koné, connu pour être un visionnaire, avait songé à construire une digue de protection pour protéger le quartier des inondations. Il se plaçait aussi dans la perspective d'une future extension du quartier sous la menace des eaux en saison des pluies.
L'Association pour le développement de Khor a aménagé 70 parcelles qui seront distribuées aux populations du quartier, a dit Boubacar Coulibaly, son secrétaire général.
Dans certaines parties de Khor, l'eau menace les habitants qui vivent principalement du maraîchage, activité dans laquelle excellent les femmes, indique le secrétaire général.
"Nous nous activons dans des activités de développement et nous avons utilisé l'argent que nous a versé la SEN'EAU dont un tuyau a occasionné la destruction d'une salle polyvalente qui accueillait certaines de nos activités pour investir", a expliqué M. Coulibaly.
Il invite les structures installées dans le quartier, comme la BCEAO et la SEN'EAU à accompagner davantage les activités de l'association.
Ils déplorent le fait que l'entreprise qui assurait les travaux de construction de la BCEAO est partie sans satisfaire leurs doléances, malgré les promesses fermes de ses responsables. Ils signalent que les agents de cette banque avaient consenti néanmoins un appui d'un million à l'association et équipé les deux mosquées du quartier.
Pour leurs activités de maraîchage, les femmes souhaiteraient avoir plus d'assistance de la part des autorités politiques en équipements, dit Nasou Diarra de l'Union des femmes de Khor.
"Grâce aux cotisations, nous faisons dans la solidarité en accompagnant nos membres dans le besoin", souligne-t-elle. A côté de la parcelle commune qu'elles exploitent, chacune d'elle dispose de son propre lopin de terre.
Financements et divagations des animaux
"Nous avons surtout des problèmes de financement pour accéder à des marchés plus grands et sommes confrontés au problème de divagation des animaux", explique Mme Diarra.
L'Union a besoin d'un appui pour développer ses activités de transformation des céréales locales, dit-elle.
La case des tout-petits aussi a besoin d'une troisième salle, selon Djibril Coulibaly. Il se réjouit du choix du Programme d'appui aux communes et agglomérations du Sénégal (PACASEN) de leur construire 10 salles de classe. Cette action s'inscrit dans le cadre d'un projet de réhabilitation de l'école primaire Fandiery Koné.
Le quartier dispose d'une école coranique gérée par l'imam ratib, Abdou Khadre Haidara. Ce dernier nourrit l'ambition de l'étendre pour pouvoir répondre à toute la demande.
Cimetières mixtes
Saint-Louis possède des cimetières mixtes situés au quartier Khor Eglise qui, avec Khor Kabane, composent Khor Mission et où sont enterrés des chrétiens et des musulmans.
"Nous accueillons toute délégation munie d'un permis d'inhumer délivré par la municipalité car les cimetières sont de son ressort", affirme Moussa Diakhaté, le gardien des lieux.
Ces cimetières sont aussi vieilles que Khor, confie Cheikh Diarra, un des doyens du quartier. Il insiste sur la "bonne cohabitation entre citoyens de confessions différentes", qui permet une telle situation.